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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 277 restai pas longtemps; car la reine, prévenue, était prête à me recevoir, et, plus affable que son fils, elle me gardait, au lieu d’un accueil d’apparat, un lever de simple distraction. Aussitôt qu’on eut poussé la porte devant moi, je m’avançai vers la « hutte du trône, » chapeau bas, il est vrai, mais à l’ombre de mon parasol toujours ouvert, et je ne m’arrêtai que pour m’as seoir, en face de Sa Majesté, sur l’espèce de « pouff » tout à fait rustique, dont j’avais été gratifié par son fils. Arrivée à la pleine maturité de l’âge et de l’embonpoint’, simplement vêtue de mbougou, assise à terre sur un tapis, le coude nonchalamment appuyé sur un coussin revêtu de la même étoffe, la reine avait pour tout ornement un collier d’abrus et un fichu de mbougou roulé autour de la tête. Un miroir à compar timents, fatigué par un fréquent usage, était ouvert à côté d’elle. Devant l’entrée de la hutte, une longue tige de fer, en forme de broche, portant à son extrémité supérieure une coupe remplie de poudre magique, dominait quelques autres talismans du même genre; à l’intérieur, quatre sorcières mabandwa (exor cistes femelles) dans le costume fantastique que j’ai déjà décrit, et un grand nombre de femmes se pressaient autour de leur maîtresse. Nous demeurâmes quelque temps à distance l’un de l’autre, échangeant des regards curieux; puis on renvoya l’as sistance féminine et, comme pour varier le tableau, un orchestre fut introduit ainsi qu’une foule de Vouakoungou appelés à faire leur cour. Je fus invité à m’approcher et à m’asseoir devant la reine, à l’intérieur de la hutte. Le meilleur pombé de l’Ouganda circula de mains en mains, sablé d’abord par la reine, puis par moi, et enfin par les grands officiers, chacun à son tour. La N’yamasoré se mit ensuite à fumer sa pipe et me pria d’en faire autant. Le signal fut donné aux musiciens, vêtus de leurs peaux de chèvre à longs poils, et qui commencèrent immédiatement leurs danses d’ours. On battit consécutivement plusieurs tam bours, et je fus questionné sur le point de savoir « si je recon naissais leurs différents tons? » La reine, dont l’humeur était joyeuse, se leva tout à coup et, me laissant sur mon siège, passa dans une cabane voisine, où elle changea son mbougou contre un diouli. Après quoi, elle revint 1. Fat, fair, and fnrty fire, dit le texte angluis, dont nous ne pouvons repro duire l’allitération proverbiale.