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LE PALAIS DE L’OUGANDA. 273 qu’on me faisait perdre des heures entières avant de m’accorder audience ; ne me souciant pas de faire des scènes au palais, j’enverrais Bombay pour régler d’avance les conditions d’une visite que je renvoyais au lendemain, attendu que, pour le mo ment, je me trouvais indisposé. » Les pages, redoutant la colère de leur maître, partirent avec cette réponse, mais l’un d’eux repa rut presque aussitôt pour m’exprimer de la part du roi, disait-il, le regret qu’il éprouvait à me savoir souffrant. * Lui-même, au surplus, n’était pas en bonne santé ; il comptait bien me voir, ne fût-ce qu’une minute ou deux, et me priait d’apporter ma mé decine. » Je ne doutai pas que ce message ne fût une feinte, à cause du peu de temps qui s’était écoulé depuis le départ des pages ; mais prenant avec moi ma pharmacie portative, je n’en allai pas moins où on m’appelait ainsi, quitte à laisser retomber sur qui de droit la responsabilité du mensonge. Comme je l’avais prévu, le roi n’était nullement prêta m’accueillir, et je dus at tendre, en compagnie des officiers de service, le moment où il daignerait se montrer. Aussi me gardai-je bien de contenir l’ex pression de ma colère. Je traitai les pages comme un tas de petits misérables, et, tournant les talons, je repris, à travers les cours intérieures, le chemin de mon logis. Chacun tremblait. On alla prévenir le roi que je quittais le palais, et il enjoignit aux Voua- koungou de me retenir. Ils gagnèrent les devants, au moment où je franchissais à grands pas la dernière enceinte, et fermèrent la principale entrée. C’en était trop ; aussi, frappant du pied et du doigt montrant le portail dont les cloches vibraient encore, je jurai dans toutes les langues à mon usage que « s’ils n’ouvraient pas immédiatement et sous mes yeux, comme ils venaient de le fermer, l’huis qui me barrait passage, ils ne me feraient pas quitter vivant la place que j’occupais. » Terrifiés pour le coup, et après s’être prosternés à mes pieds, les Vouakoungou se sou mirent; alors, par manière de récompense, je retournai aussitôt vers le roi qui, maintenant assis sur son trône, leur demanda comment ils s’y étaient pris pour me décider à revenir? « Oh, ré pondirent-ils à l’unisson, n'yansigeant à qui mieux mieux, quelle peur nous avons eue!... Jamais on ne vit colère plus terrible.... Néanmoins, aussitôt la porte ouverte, il a rebroussé chemin. — De quelle porte s’agit-il, et que voulez-vous dire? » demanda le roi. Buis quand l’histoire lui fut connue dans tous ses détails,