Volltext Seite (XML)
LE PALAIS DE L’OUGANDA. 269 d’arriver jusqu’à Mtésa. » L’officier chargé des présents a répondu que « Souwarora ne voyait pas la nécessité de traiter avec égard les hommes de race blanche, infâmes sorciers qui, au lieu de dormir la nuit sous un toit, s’envolaient à la cime des monta gnes, pour s’y livrer aux enchantements les plus abominables. >. A ceci, le'prince a répliqué avec un sans gêne tout à fait afri cain : « Vous mentez ; je ne puis rien découvrir de mauvais dans les procédés de cet homme blanc : si c’eût été un méchant, Roumanika ne nous l’aurait pas adressé. » Le soir, déjà couché, on m’est venu demander de la part du roi de lui prêter un fusil pour compléter la demi-douzaine, avec ceux que je lui ai déjà donnés. Il sollicite ceci au nom de noire amitié, voulant, le lendemain, faire une tournée chez ses pa rents. » Au lieu d’un fusil, je lui en fais tenir trois, car je crois comprendre que je ne perdrai l'ien à me montrer généreux. 22 février. — Le roi est allé chez tous les membres de sa famille étaler les magnifiques cadeaux qu’il a reçus de « l’homme blanc. » Ceci prouve, selon lui, que les Esprits l’ont en faveur singulière, attendu qu’aucun de ses ancêtres n’a joui de privi lèges pareils, et par là se trouvent établis ses droits légitimes sur le trône de l’Ouganda. Vers minuit, les trois fusils m’ont été rapportés, et la promptitude, la loyauté du jeune prince m’ont tellement charmé que je l’ai prié de vouloir bien les accepter de moi. 23 février. —Les pages de Mtésa sont venus vers midi m’invi ter à me rendre au palais. J’y suis effectivement allé avec une garde d’honneur et mon siège; mais il m’a fallu attendre près de trois heures, avec le commandant en chef et d’autres grands officiers, que Sa Majesté fût prête a me recevoir. Pour charmer nos loisirs, nous avions les musiciens vouasoga, dont les harpes étaient accompagnées par le son de l’harmonica. Cependant un petit page, pliant presque sous un faix d’herbes, est venu me trouver et m’a dit : « Le roi compte bien que vous ne vous for maliserez pas, si on vous demande de prendre ceci pour vous asseoir devant lui; personne, dans l’Ouganda, même le fonc tionnaire le plus élevé, n’a jamais la permission de se placer sur quoi que ce soit au-dessus du sol; personne, si ce n’est le roi, ne peut s’asseoir sur du foin comme celui-ci ; son trône même n’est pas fait d’autre chose. S’il a souffert le premier jour que