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264 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. ment dramatique. Le roi, grand jeune homme de vingt-cinq ans, doué d’une physionomie avenante, taillé dans de belles propor tions, ayant disposé avec le soin le plus scrupuleux les plis de sa toge en mbougou tout battant neuf, siégeait sur une couverture rouge recouvrant une plate-forme carrée qu’entourait un clayonnage « d’herbe à tigre. » Sa chevelure était coupée de fort près, sauf au sommet de la tête ; là, de l’occiput au sinciput, elle dessinait un relief pareil à celui du cimier de certains casques, ou bien,—la comparaison sera moins noble,— à celui d’une crête de coq. Un large collier plat, une cravate si l’on veut, de petites perles agencées avec goût, un bracelet pareil, des anneaux alternés de bronze et de cuivre à chaque doigt et à chaque orteil, au-dessus des chevilles et jusqu’à la moitié du mollet, des bas ou guêtres en verroteries de la plus belle qualité, lui composaient un costume à la fois léger, correct et véritablement élégant. Il avait pour mouchoir une « écorce » soigneusement pliée, et te nait à la main une écharpe de soie brodée d’or derrière laquelle il abritait à chaque instant son large sourire, ou dont il se ser vait pour essuyer ses lèvres après avoir bu le vin de bananes que lui versaient à longs traits, dans de petites gourdes taillées en coupes, les dames de son entourage, — à la fois ses sœurs et ses femmes. Placés près de lui, un chien blanc, une lance, un bou clier, une femme représentaient le blason national, le symbole héraldique de l’Ouganda. Il y avait aussi sur la même plate forme, à la droite du roi, un groupe d’officiers d’état-major avec lesquels il semblait bavarder volontiers; de l’autre côté, une bande de ces vouichwézi ou sorcières que j’ai déjà eu l’occasion de décrire. Au bout d’un certain temps, je fus prié d’entrer dans l’espèce de carré formé par l’assistance, et au centre duquel se trouvait, sur un tapis de peaux de léopard, une énorme timbale de cuivre garnie de clochettes en bronze disposées sur des arceaux de fil d’archal, plus deux tambours de moindres dimensions, recouverts de coquillescauries etde verroteries artistement travaillées. Je brû lais d’engager l’entretien, mais d’abord la langue du pays m’était inconnue, et d’autre part, pas un de mes voisins n’eût osé parler, pas un ne se fût hasardé à lever les yeux, de peur qu’on ne l’accu sât de lorgner les femmes. Aussi demeurâmes-nous, Mtésa et moi, pendant plus d’une heure nous contemplant l’un l’autre, sans