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254 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. bien que son lit soit plus large que celui de la Mwérango, la M’yanza, partout également basse, n’a pas de courant central, de omette, pour ainsi dire, tant soit peu profonde. Nous étions, du reste, au moment le plus favorable pour apprécier l’importance relative des deux rivières, au cœur de la saison sèche, où la plus grande partie des hautes herbes vient d’être livrée aux flammes. Il faisait presque nuit quand nous eûmes traversé la M’yanza, et nous dûmes chercher, dans le voisinage, l’endroit le plus conve nable pour y dormir. Le kibouga, c’est-à-dire le palais du feu roi Sounna, se trouva bientôt sur notre route et nous eût merveil leusement convenu; mais il fallut pousser plus avant, car il n’est pas permis de pénétrer dans les mystérieuses profondeurs de ces habitations où dorment en paix les rois qui ne sont plus. 19 février. Bandawarogo. — Une autre journée de marche nous conduisit en vue du kibouga royal, situé dans la province de Bandawarogo, sous le 0° 21' 19" de latitude nord et le 32° 44' 30" de longitude est. Il nous offrait un spectacle imposant. Toute une colline était couverte de huttes élevées, dont je n’avais pas encore vu les pareilles sur le continent africain. Je voulais me rendre immédiatement au palais, mais les officiers chargés de ma personne s’y opposèrent énergiquement. « Non, disaient-ils, ce serait là, selon les idées reçues dans notre pays, une incon venance grave. Il faut ranger vos hommes en bataille et leur faire tirer une salve de mousqueterie, afin que le roi vous sache arrivé ; nous vous conduirons ensuite à la résidence qui vous est assignée, et le roi vous enverra sans doute chercher demain, car la pluie l’empéche, pour le moment, de tenir son lever habi tuel. » Je commandai à mes hommes de faire feu, et nous fûmes immédiatement menés vers un groupe de huttes passa blement malpropres, qui ont été tout spécialement construites, à ce qu’on m’assure, pour loger les hôtes du roi. C’est ici que les Arabes s’arrêtent invariablement lors de leurs visites périodi ques, et je dois faire comme eux. Cette assimilation ne me convenant guère, je me mis à reven diquer mes droits de « prince étranger, dont le sang royal n’était pas fait pour de pareilles ignominies. Le palais du souverain était ma véritable sphère, et, si je n’y pouvais obtenir une hutte, je m’en retournerais sans avoir vu le roi. » Terrifié par ce langage altier, N’yamgundou se prosterna de-