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LE KARAGOUÉ. — L’OUGANDA, 251 A N’yama-Goma je trouvai Irungou, — le grand ambassadeur qne j’avais déjà rencontré dans l’Ousoui : — non-seulement il était là, lui et sa nombreuse suite, mais aussi mon ennemi Makinga, et la députation de Souwarora chargée du tribut de fil de fer, — en tout quelque chose comme une centaine d’hommes. Depuis un mois entier ils attendaient la permission d’avancer vers le palais du roi ; aussi le désert s’est-il fait dans un circuit de plusieurs milles : les habitants avaient pris la fuite, il ne res tait plus une banane sur les arbres, et c’est à peine si 'de temps à autre, en fouillant la terre, on rencontrait quelques patates douces. Ce riant et fertile pays était affamé, tout simplement parce que l’orgueil du souverain se refusait à un mode plus expéditif de régler les choses, à une hospitalité plus libre et plus familière. Il y avait là de quoi m’alarmer, d’autant que, — s’il fal lait en croire les propos unanimes de ceux qui m’entouraient,— cette sorte de procédés était dans la tradition, dans les usages du pays, et dérivait des soins que se donnent les « grands rois » pour s’entourer de respect, maintenir leur dignité, augmenter leur prestige. Bombay insistait là-dessus et semblait fort tenté de railler ma crédulité au sujet des avances par lesquelles on m’avait attiré jusque-là. « Tout étranger en reçoit de pareilles, disait-il en riant ; mais quand le roi les a sous sa main, il ne songe plus qu’à se grandir, aux yeux de ses sujets, par les dé dains dont il accable le nouveau venu. » 14, 15, 16 et 17 février; journées de halte. — N’yamgundou dé clare ne pouvoir passer outre sans autorisation préalable, et vou drait jeter les yeux sur les présents que je destine à Mtésa. Je me retranche dans ma dignité pour refuser de lui complaire en ceci: « Une bagatelle pareille ne saurait, lui dis-je, donner lieu à aucune méfiance, à aucun malentendu, car je ne suis pas un marchand en quête de gains quelconques, mais un voyageur venu à grands frais pour voirie roi de ce pays. «J’exige donc que mon guide aille, le plus tôt possible, exposer le but de ma visite et les motifs qui me font désirer une prompte réception. » Mon compagnon de voyage est resté malade dans le Karagoué; je n’ai personne à qui parler, les notables de ma race ne s’abais sant jamais à converser avec leurs inférieurs. Bref, je ne serai complètement à mon aise qu’après avoir vu le roi et m’être as suré de ses bonnes dispositions. J’aurais bien des choses à lui