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LE KARAGOUË. — L’OUGANDA. 247 provision de ce café que le pays produit en abondance. Il y pousse sur des arbres touffus, où les fèves adhèrent aux branches par paquets semblables à ceux que forment les graines du houx. Présenté dans toutes les règles, on m’apprit que l’autorité du grand personnage auquel j’avais affaire s’étendait sur le pays compris entre les rivières Katonga et Kitangoulé. L’affaire de SangoUft lui fut soumise aussitôt après les premières formalités, et il donna immédiatement tort aux villageois, qui, d’après les lois de l’Ouganda, ne pouvaient jamais se croire autorisés à mettre la main sur un des hôtes du monarque. Maoula, survenu justement alors, maltraita de paroles mon pauvre N’yamgundou. Ceci ne pouvait me convenir, et, après un sincère exposé des faits que le lecteur connaît déjà, je priai le Pokino d’expulser de mon camp ce guide indocile, dont je ne voulais plus à aucun prix. Son Excellence ne jugea pas que cela fût possible à l’en contre de la nomination royale; mais, raillant Maoula d’avoir ainsi « laissé partir l’oiseau qu’il tenait dans ses mains, » il le rejeta au second rang, et décida que nous marcherions sous la conduite de N’yamgundou. En échange d’un paquet de fil d’ar- chal que je me permis d’offrir au gouverneur, il me donna trois grandes couvertures de mbougou, « dont j’aurais besoin, me dit-il, pour traverser les nombreux ruisseaux qui allaient se trou ver sur ma route. •> Tout ceci réglé, il fallut encore attendre vingt- quatre heures, car plusieurs de mes gens tremblaient de la fièvre qu’ils avaient prise, selon toute apparence, dans ces abominables marécages où nous avions pataugé plusieurs jours de suite. Au surplus, nous n’étions pas en peine de nourriture. Nulle part encore je n’avais vu tant de bananiers; leurs fruits jonchaient littéralement le sol, bien que les brasseries et les buveurs du pays fussent en activité du matin au soir, et que les seconds se gorgeassent en outre de bananes cuites. 9 février. Nakusi. 10, Kibibi. — Ce merveilleux pays m'étale toujours les mêmes richesses. Le nombre des cours d'eau ne diminue guère, mais ils ne gênent pas autant le voyageur, at tendu que sur beaucoup d’entre eux, on a jeté des passerelles de bambous ou des troncs de palmiers. A Kibibi nous sommes chez N’yamgundou. Je m’y arrête une journée pour tirer des buffles. Maoula, de plus en plus malveillant, veut m’imposer une halte de quelques journées pour prendre les devants et aller prévenir