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244 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. paisibles et ses molles ondulations de terrain, que la contrée tout entière avait dû se trouver, à une époque antérieure, de niveau avec ses sommités actuelles; c’est l’incessante action des eaux qui sans doute a creusé peu à peu ces vallons charmants et formé leurs pentes boisées; en effet, on n’y voit aucune de ces tran chées abruptes, de ces murailles de quartz qui, dans l’Ousoui et le Karagoué tranchent par leurs reliefs hardis sur ces forma tions aquatiques, et signalent la présence de volcans souterrains. 1" février. Sangoua. — Pour traverser les bas fonds humides et fangeux qui se présentent à chaque pas, il fallait se déchausser trois ou quatre fois par heure; j’ai fait une grande partie de la route, mes bas et mes souliers à la main. Les enfants » de Ro- saro, enhardis par l’impunité, sont devenus de plus en plus incommodes. Ils mettent la main sur tout ce qui leur convient dans les huttes des villages que nous traversons En arrivant à Sangoua, je trouvai plusieurs de ces maraudeurs, que certains habitants, poussés à bout, mais plus courageux que les autres, avaient fini par meitre en prison. Pour les rendre, on exigeait deux esclaves et une charge de rassades. J’envoyai mes gens s’informer de ce qui était arrivé, avec ordre de m’amener à la fois les plaignants et les prévenus pour faire à tous la partie égale. Mais les drôles, s’attribuant le droit de haute et basse jus tice, chassèrent à coups de fusil les paysans vouaganda et mi rent nos voleurs en liberté. Le principal officier du village dressa une plainte en règle contre Nyamgundou, et je fus sollicité de faire halte; mais je n’y voulus jamais consentir, et m’en remis, pour trancher le différend, au gouverneur général, monsei gneur le Pokino, que nous devions rencontrer, m’assurait-on, à la station suivante. 2 février. Masaka. — Lorsque nous nous présentâmes au siège du gouvernement, — groupe considérable de huttes gazonnées que de vastes enclos séparaient l’une de l’autre, et qui couvraient toute la cime d’un coteau, —je fus requis de me retirer à quel que distance, dans certaines habitations qui m’étaient assignées, pour y attendre la visite de Son Excellence, provisoirement ab sente. Cette visite eut lieu dès le lendemain avec toutes les formes requises. Le gouverneur, suivi d’un grand nombre d’officiers, m’amenait une vache et fit déposer en outre devant ma tente plusieurs pots de nom'oé, d’énormes cannes à sucre, et une bonne