PRÉFACE. 11 ne leur permettent guère de s’occuper d’autre chose que de leurs intérêts privés. Les anciens font circuler les ordres du chef de district parmi les chefs de village qui, venant à y désobéir, se raient frappés d’une amende plus ou moins forte. Aussi, géné ralement parlant, les décrets ainsi rendus s’exécutent assez bien. Le pays, cependant, est soumis à une influence désorganisa- trice, celle des guerres continuelles qu’enfantent la polygamie et l’esclavage : la première produit une famille composée de frères consanguins qui, voulant tous succéder à leur père, sont perpé tuellement en lutte les uns avec les autres, afin de se procurer en aussi grande quantité que possible des esclaves et du bétail ; le second engendre des combats continuels et arrête l’essor de la population. Le revenu public, prélevé sur une très-petite échelle, l’est exclusivement au profit du chef et de ses anciens. Comme taxe territoriale, par exemple, le chef s’arroge le droit de boire gratuitement et à discrétion, à mesure qu'elle se fabrique tour à tour chez chacun d’eux, la bière de millet (;pombè) brassée par ses subordonnés. Un éléphant vient-il à être tué, il réclame une portion de la chair de l’animal ainsi qu’une de ses défenses ; toutes les peaux de léopards, de lions ou de zèbres lui reviennent aussi de droit. Lorsque les trafiquants apportent leurs marchandises, il peut — sans avoir égard ni à l’équité, ni aux tarifs plus ou moins régulateurs — pratiquer toutes les exactions qu’il se croit en état de faire admettre. Le droit qu’il prélève s’appelle hongo 1 . Une autre source de revenus est la confiscation encourue par ceux que l’on a condamnés pour sorcellerie, et qui ont péri les uns sur le bûcher, les autres sous l’assagaie de leurs compatriotes. Tout ce qui leur appar tenait est revendiqué par les anciens au profit du chef. D’après l’usage pénal, les voleurs incorrigibles, les assassins sont mis à mort de la même façon que les sorciers; les larcins de peu d’importance, ou purement accidentels, sont punis d’une t. Au pluriel Ma-hongo.