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LE KARAGOUÉ. — L’OUGANDA. 243 30 janvier. — Halte indispensable pour attendre les femmes de Nyamgundou. Une lettre de Grant m’est remise par un beau jeune homme, qui porte, roulée autour de son cou, la peau d’un serval', décoration que les individus de race royale ont seuls le privilège de revêtir. Nyamgundou, blessé de cette usurpation, donne ordre à ses « enfants » d’arracher au messager de Grant le signe honorifique dont il s’est paré sans en avoir le droit. Deux compagnons de mauvaise mine lui saisissent aussitôt les mains, qu’ils tordent en tous sens à plusieurs reprises, de manière à lui déboîter l’articulation. Sans un mot, sans le moindre cri, leur victime résiste, etNyamgundou finit parleur enjoindre d’en rester là. «11 va, dit-il, entamer une instance régulière, et entendre la défense du prévenu. » Celui-ci s’assied à terre entre ses deux argousins qui se sont bien gardés de le lâcher, et N’yamgundou, coupant une longue baguette en morceaux d’égales dimensions, chacun représentant un degré généalogique, dresse sous nos yeux la liste complète des ancêtres du jeune homme. Par là de meure établi, sans contestation possible, qu’il n’appartient à aucune des branches de la famille régnante : — « Et maintenant, poursuit Nyamgundou en s’adressant à nous, comment expiera- t-il sa folle présomption?... L'affaire portée devant Mtésa, nul doute qu’elle ne lui coûtât la tête.... Si donc il en est quitte au prix de cent vaches, n’aura-t-il pas fait un bien bon mar ché?... » Tout le monde, sur ce point, fut du même avis, — même l’accusé qui se soumit au jugement rendu contre lui, et se laissa paisiblement enlever par ses deux farouches acolytes l’ornement illégal qui lui coûtait si cher. 31 janvier. Mérouka. — Ce village est situé sur d’admirables montagnes couronnées de la végétation la plus variée. Il sert de résidence à plusieurs grands personnages, dont le principal est une tante du roi. Nous avons échangé quelques présents, et je passerais volontiers un mois dans ce beau pays où la température est à souhait, où les chemins sont larges et bien entretenus, les huttes parfaitement propres, les jardins cultivés avec des soins irréprochables. Les promenades que je faisais au hasard me montraient partout l’abondance et ce qui aurait dû être la richesse. Je m’imaginais, en regardant ce paysage aux formes 1. Espèce de chat-tigre.