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240 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. viendra, sans manquer. Je lui réponds qu’il fera bien, car je suis décidé à ne pas l’attendre. Malgré sa courtoisie affectée et ses perpétuels sourires, notre conférence se termine assez peu amicalement. 26 janvier. — Je suis encore assourdi par les tambours, les chants, les cris, les hurlements et les danses bruyantes qui n’ont pas cessé depuis deux jours et deux nuits. Il s’agissait d’expulser un phèpo (un démon) du village qu’il obsédait par sa présence. Toutes les cérémonies ont ici un caractère grotesque. Deux vieil lards, homme et femme, barbouillés d’une boue calcaire et tenant sur leurs genoux des pots de pombé, étaient assis devant une des huttes, où on leur apportait sans cesse des paniers rem plis de bananes écrasées et de nouvelles cruches de pombé. Dans la cour, en face d’eux, plusieurs centaines d’hommes et de femmes vêtus d’élégants mbougou, — les hommes portant, en guise de turban, des branches de glycine artistement tressées, dans les quelles étaient piquées, appendice menaçant) maintes défenses de sanglier polies et brillantes. C’étaient ces gens-là qui, tous sans exception plongés dans l’ivresse la plus complète, essayaient de chasser le diable par un tapage infernal. Je trouvai parmi eux Kachouchou, cet ambassadeur de ltoumanika que j’avais vu partir du palais de Karagoué pour annoncer ma visite au roi de l’Ou ganda. Il avait avec lui, me dit-il, deux autres Vouakoungou de Mtésa, qui avaient ordre d’amener ma caravane et celle du doc teur K’yengo. «Ce prince, —• ajoutait-il, confirmant en ceci les dires de Maoula, — ce prince éprouvait un tel désir de nous voir, qu’à la nouvelle de notre arrivée prochaine, il avait fait exécuter cinquante notables et quatre cents individus de basse extraction, attendu que, selon lui, s’il n’avait pas déjà reçu la visite des hommes blancs, la faute en était aux dispositions querelleuses de ses sujets. » 27 janvier. — J’ai vu reparaître N’yamgundou, mon ancienne connaissance de l’Ousoui. Il prétend avoir été le premier à in former Mtésa de notre arrivée dans l’Ousoui et de la visite que nous lui destinions. « Il est donc bien vrai, s’est écrié le mo narque, que le Mzungou veut me voir! » Et il lui avait fait re mettre quatre vaches pour qu’elles me fussent conduites sans retard, en lui recommandant de me ramener au plus vite : « Les vaches, ajoutait N’yamgundou, s’acheminent vers Kisouéré par