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LE KARAGOUÉ. — L’OUGANDA. 239 amener, coûte que coûte. Je profite de cette occasion pour écrire à mon compagnon de se mettre en route, s’il le peut, avec nos marchandises les plus précieuses. * Il devra se méfier des propos de Roumanika sur les difficultés du voyage dans l’Ou ganda. Les malades y sont admis sans le moindre scrupule, et les ânes y circulent fort bien sans caleçons. S’il est hors d’état de se mouvoir, je le prie d’attendre que je sois arrivé chez Mtésa. Je remonterai- le lac et la Kitangoulé pour l’aller chercher, ou du moins, je prierai le roi de lui envoyer des barques, son voyage par eau devant nous permettre d’explorer le lac plus à notre aise. » 24 janvier. N’yagussa. — Un certain nombre de messages plus impérieux les uns que les autres ont fini par ramener Maoula que je force enfin à se mettre en marche. Il nous conduit tout droit chez lui, dans une résidence très-agréable, où il met à ma disposition une hutte vaste et bien tenue. Grâce à lui nous avons, mes hommes et moi, des bananes à discrétion : « Maintenant que nous voici dans l’Ouganda, me dit notre hôte, vous n’aurez plus à payer votre nourriture. Partout où vous passerez la journée, l’officier du district doit vous pourvoir de bananes; à défaut de ceci, vos gens pourront en cueillir dans les jardins, car telle est la loi du pays en ce qui concerne les hôtes du roi. Quiconque serait surpris vous faisant payer la moindre chose, soit à vous, soit à vos gens, encourrait un châti ment exemplaire. » En conséquence, je suspendis immédiatement la distribution quotidienne des rasades. Mais, à peine avais-je pris cette me sure, que tous mes gens se déclarèrent ennemis de la banane. « Les Vouaganda, prétendaient-ils, peuvent se contenter de cette nourriture à laquelle ils sont habitués ; mais un régime pareil ne saurait apaiser notre faim. » Maoula, voyant que je prépare tout pour la marche, me supplie de prendre patience et d’attendre le retour du message envoyé au roi, c’est-à-dire une dizaine de jours, tout au plus. Quoique révolté de ce rètard absurde, il faut bien me résigner à dresser ma tente ; je refuse en revanche ses bananes, et mes gens, à qui je distribue des verroteries, comme par le passé, ont ordre d’acheter chaque jour leur ration de grain. Maoula m’annonce qu’il va passer quelque temps chez un de ses amis ; mais il re-