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236 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. gouverne le district pour le compte de Roumanika.Sa résidence était aussi bien tenue que celle de l’oncle de Mtésa. Mais au lieu d’avoir une baraza devant sa maison, il y avait construit ce qui, selon les notions nègres, équivaut à une église, — à savoir un enclos avec trois petites huttes, ainsi mises à part afin de servir aux exercices du culte. Il fit danser devant nous quelques-unes de ces mendiantes (vouûhwézi selon les uns, mabandwa selon les autres), qui, bizarrement vêtues de mbougou, couvertes de ver roteries et de petites baguettes peintes, nous débitèrent en même temps une chanson comique; le refrain, pour lequel la danse s’interrompait, consistait en une sorte de roucoulement aigu indéfinimentprolongé. Les fonctions que ces femmes remplissent participent de l’obscurité qui règne chez les nègres en toute matière concernant la religion. Suivant les uns, elles chassent les démons; suivant les autres, elles préservent du « Mauvais œil. » En somme, elles prélèvent une taxe sur ces êtres naïfs toujours disposés à s’imposer un sacrifice quelconque pour se concilier une divinité qu’ils ne sauraient définir, mais qu’ils supposent capable d’infiuer en bien ou en mal sur leurs destinées en ce bas monde. 20 janvier. Kisouérê. — Nous touchons aux frontières de Rou- manika. Derrière le groupe de montagnes sur lequel s’élève Ki- souéré, commence au Nord le royaume d’Ounyoro. C’est ici que Baraka doit me quitter pour se rendre chez Kamrasi. Maoula, dont la résidence n’est qu’à une journée de marche, me plante là, comme un drôle qu’il est, sous prétexte d’avertir Mtésa par un message, ainsi qu’il en a reçu l’ordre, afin que le monarque avise aux moyens de protéger notre marche. « Les Vouaganda, me dit-il, sont une race turbulente que la crainte du bourreau peut seule tenir en respect; et dès que je lui serai signalé, Mtésa fera sans doute couper la tête à un certain nombre de ses sujets pour inspirer aux autres une terreur salutaire.» Je savais fort bien le néant de ces bravades, et je ne lui dissimulai pas mon incrédulité à cet égard ; mais, du moment où il m'abandon nait ainsi à moi-même, il fallut bien faire halte. . Du 20 au 24 janvier. — Le 23, un autre officier, nommé Ma- ribou, vient m’avertir que Mtésa, incité par son désir de voir des hommes blancs, l’a chargé d’aller chercher Grant, qu’on lui dit être resté dans le Karagoué à cause de sa maladie, et de le lui