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LE KARAGOUÉ. — L’OUGANDA. 235 hautes montagnes de la Lune, continuellement saturées de pluie, donnent naissance au Congo comme au Nil, et aussi sans doute à cette branche du Zambèse qui porte le nom de Shiré. Ndongo est un véritable jardin de bananiers et la contrée, gé néralement parlant, manifeste une fertilité surprenante. Dans ce sol humide, sous ce climat tempéré, toutes les cultures se font sans peine et donnent de merveilleux résultats. C’est un véri table paradis de nègres, et je dois dire d’ailleurs que l’entretien des huttes et des jardins dénote des habitudes d’ordre, de pro preté, de travail. Nous y fîmes halte tout un jour, et j’aurais pu y tuer mainte et mainte antilope, si je ne me fusse obstiné à courir des buffles que je ne rencontrais point. Revenu de la chasse, je mandai à Rou- manika que si Grant ne m’avait pas rejoint à une certaine date, je tenterais la navigation du N’yanza, et reviendrais le trouver en remontant la Kitangoulé. 18 janvier. Ngambézi. — Nasib m’a montré un petit éperon montagneux qui, du royaume de Nkolé, à notre gauche, se pro longe vers le N’yanza. A l’extrémité de l’éperon, et sur notre droite, s’étend à perte de vue, dans la direction du N’yanza, une plaine bien boisée et marécageuse, parsemée de vastes étangs qui, m’assure-t-on, portaient bateau il y a peu d’années, mais se des sèchent maintenant par degrés, comme le lac Ourigi. Je suis porté à croire que le N’yanza baignait originairement le pied de ces montagnes, et qu’il s’est trouvé réduit à ses limites ac tuelles par un abaissement progressif de son niveau. Ngambézi me frappa d’admiration aussi bien par la propreté, le bon ordre des habitations, que par la richesse du sol et la beauté des paysages. Sous ce double rapport, ni le Bengale, ni Zanzibar n’ont rien de mieux à offrir. Un des oncles de Mtésa, épargné par le feu roi Sounna lors de l’avénement de ce dernier, est le pos sesseur de ce beau fief. Son absence me laissa un certain regret, bien que l’espèce d’intendant chargé de le remplacer me logeât dans sa baraza (hutte de réception), et nonobstant force excuses sur les lacunes involontaires de son hospitalité, me gratifiât sans cesse de chèvres, de volailles, de patates douces, d’ignames, de bananes, de cannes à sucre et de maïs. Il y gagna, cela va sans le dire, quelques paquets de verroteries. 19 janvier. Sémizabi.— Nous nous arrêtons chez Isamgévi, qui