Volltext Seite (XML)
232 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. Maoula m’eut rejoint, nous nous remîmes en marche au son du fifre et du tambour. Ce fut ainsi que nous descendîmes des mon tagnes de la Lune pour arriver le 15, par une longue plaine d’alluvion, à cet établissement de Kitangoulé, dont nous avions tant de fois entendu parler, et où Roumanika tient en réserve des milliers de vaches. Ces plaines humides sont entourées de marécages où croissent d’épaisses forêts jadis peuplées d’élé phants ; mais depuis que le commerce de l’ivoire s’est développé, ces animaux, harcelés sans cesse, ont fini par se réfugier dans les montagnes du Kisiwa et de l’Ouhaiya. 16 janvier. Ndongo. — Nous sommes arrivés aujourd’hui au bord de la kagêra ou rivière Kitangoulé, qui — je m’en étais assuré en 1858 — se jette à l’ouest dans le Victoria N’yanza. Par malheur, au moment de la traversée, la pluie se mit à tom ber et jeta le désordre dans nos rangs; je ne pus ni la dessiner (ce que Grant fit plus tard) ni mesurer exactement sa largeur ou sa profondeur. Il fallut même soutenir une longue discussion avec les superstitieux bateliers pour qu’ils me permissent de monter dans leur canot avec mes chasseurs. Ces pauvres diables s’imaginaient que leur Neptune, irrité d’un procédé si leste, les ferait chavirer ou dessécherait la rivière. Tout ce que je puis dire de la Kitangoulé, c’est qu’elle doit avoir une largeur moyenne de quatre-vingts pieds', qu’elle est encaissée entre deux hautes rives, et que les crocs de nos bateliers n’en touchaient pas le fond. La rapidité de son cours peut être évaluée à quatre nœuds par heure. Je ne la voyais pas sans quelque orgueil, pouvant ainsi vérifier l’exactitude des raisonnements scientifiques d’après lesquels j’avais conclu qu’elle devait être alimentée par des sources pla cées sur les hauteurs des montagnes de la Lune, et qu’il fallait évaluer leur altitude, d’après la masse de ce courant, à huit mille pieds pour le moins 2 , précisément celle que nous leur voyons dans le Rouanda. Je me répétai ce que je m’étais dit chez Rou manika, lorsque m’apparurent pour la première fois les cônes élevés du Mfoumbiro, et en présence des renseignements géo graphiques réunis par moi de toutes parts, à savoir que ces 1. Vingt-quatre à vingt-cinq mètres. 2. Ces conjectures sont consignées dans le Blackwood’s Magasine du mois d’août 1859.