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228 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. comme récompense de quelques services éclatants, à des officiers fidèles. Les magiciens du roi lui apportent des « baguettes charmées, » bâtons de toute forme auxquels ils supposent des vertus sur naturelles, ou des terres de couleur, également douées d’une influence particulière. Le maître des chasses amène au pied du trône, logés dans de grandes corbeilles d’osier, les antilopes, chats sauvages, porcs-épics, et jusqu’aux rats d’étrange espèce qui se sont trouvés pris dans ses filets ; il y ajoute des peaux de zèbre, de buffle et de lion. Les pêcheurs arrivent chargés de poisson, les jardiniers avec des fruits et des légumes. Les cou teliers exhibent des simés et des fourchettes fabriquées en fer, qu’ils ont incrustées de bronze et de cuivre ; les fourreurs, des mosaïques de peaux d’antilopes cousues avec une habileté sin gulière ; les forgerons, fabricants de boucliers, tailleurs de vête ments, produisent des échantillons de leur industrie, des mbougu (robes d’écorce), des lances, etc.; — mais rien ne s’offre jamais sans avoir été manié, caressé au préalable et sans que le donataire, portant la main à son visage, ainsi que nous l’avons dit plus haut, n’ait manifesté par de longues formules sa recon naissance pour le monarque « qui veut bien accepter un si infime présent. » Las de vaquer aux affaires publiques, le roi se lève, prend sa lance, et avec son chien qu’il tient en laisse, s’éloigne sans un mot d’excuse et sans s’inquiéter de ce que deviendra l’assistance, livrée à ses propres inspirations. Si stricte que soit la discipline de la cour prise en général, celle de l’intérieur du palais est peut-être encore plus rigide. Tous les pages portent, roulé autour de leur tête, un turban de corde en fibres d’aloès. Si une des femmes se permet la moindre intempérance de langage, la moindre action contraire aux lois de l’étiquette, elle est condamnée sur place, garrottée aussitôt par les pages, et traînée à la mort sans plus de cérémonie. Nonobstant le décorum si absolument et si rigoureusement imposé aux domestiques du sexe mâle, le service habituel se fait par des femmes adultes, littéralement nues de la tête aux pieds. Chaque mois, dès que ia nouvelle lune s’est montrée, le roi se met en retraite, pendant deux ou trois jours, pour se livrer à la