PREFACE. 9 C’est ce qui arrive sous l’équateur avec une profusion extraor dinaire; mais à cinq degrés plus bas vers le sud, là où com mencent les sécheresses de six mois par an, il n’en est plus tout à fait de même ; et les populations risqueraient de périr par la famine, si elles ne tiraient parti des saisons pluvieuses pour faire d’avance leurs approvisionnements en vue de celles où le soleil brille avec une implacable continuité. Nous touchons ici au grand fléau de cette contrée, car la paresse du nègre s’oppose à ce que ces indispensables précautions soient prises comme il le faudrait, ce qui du reste est principalement dû — nous le ver rons tout à l’heure — à l’absence d’une protection suffisante four nie par un gouvernement vigoureux et bien assis. De ce que nous avons pu voyager au centre du continent africain sur une étendue de dix degrés de latitude (du 5° sud au 5° nord), résulte la consta tation d’un fait positif : c’est qu’il existe une gradation normale dans la fertilité du pays, fertilité d’une opulence singulière sous l’équateur, mais qui, à partir de là, subit une décroissance régu lière. Le motif qui limite aux régions équatoriales cette grande zone d’abondance est le même qui en a fait le site de ces grands réservoirs d’eau, de ces lacs inépuisables d’où sortent les prin cipaux fleuves de l’Afrique. C’est sous l’équateur que s’exerce l’influence pluvieuse des Montagnes de la Lune. Au fait et au prendre, la ligne équatoriale est le centre de la motion atmosphérique. Faune. —En traitant cette branche d’histoire naturelle nous commencerons par l’homme, c’est-à-dire par le vrai nègre aux cheveux crépus, au nez plat, aux lèvres saillantes, et sans com prendre les Youahuma' sous cette dénomination générique. Les 1. Autrement dit les Africains de la race abyssinienne ou galla. M. Speke a consacré tout un chapitre de son livre (le chap. IX) à établir, d’après les Iradi- tions orales qu’il a pu recueillir, et en les contrôlant par ses propres observations, 1“ que les Abyssiniens et les Gallas ont une origine commune, et proviennent de la même souche éthiopienne, formée d’un mélange égal des fils de Sem et de Chain (semi-Shem-Hamitic, dit-il en propres termes); 2° que les Youahuma,