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218 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. changements de nom déroutent les voyageurs; mais, une fois constatés, ils permettent de croire que les Hubshi sont devenus des Gallas, et que les Gallas, à leur tour, ont pris le nom de Vouahouma. Toutefois, malgré la modification qu’a subi le nom de leur clan, les princes de ces États situés au sud conservent le titre de Vouahinda, usité dans le Karagoué, au lieu de celui de Vouawitou, dont on se sert dans TOunyoro, et la noblesse de leur origine est si bien reconnue que beaucoup de chefs nègres pren nent plaisir à dire : « Je suis un Mhinda, » c’est-à-dire un prince, et un prince de la race aborigène. De là naît une grande incer titude pour les voyageurs, incertitude encore accrue par la faci lité avec laquelle les Vouahouma se conforment aux usages des différents pays qu’ils occupent. Les Vouahouma de l’Ouganda et du Karagoué, par exemple, bien que si voisins de l’Ounyoro, ne se privent pas de leurs incisives inférieures ; et bien que les Vouanyoro n’aient d’autre arme de guerre que la lance, les Vouahouma du Karagoué sont les plus habiles archers de l’Afrique. 11 reste donc uniquement à cette race remarquable, comme gage certain de son origine mixte, de sa provenance pour ainsi dire Sem-Chamitique, sa constitution particulière, où le tempérament phlegmatique paternel (celui des enfants de Sem), domine le naturel excitable et nerveux que les Voua houma semblent tenir de la lignée maternelle, celle des enfants de Cham. Il reste à parler des circonstances dans lesquelles l’Uddou s’est détaché de l’Ounyoro, événement d’autant plus intéressant que le gouvernement y a été constitué sous une forme particu lière, aussi différente de celle qui prévaut dans les États voisins que peut l’être le régime politique des pays d’Europe, com paré à celui d’une contrée asiatique. Les Vouahouma de l’Ounyoro considéraient autrefois comme leur jardin, vu leur excessive fertilité, toutes les terres qu’ils possédaient sur les rives du lac Victoria; aux peuples qui culti vaient ce sol fécond et à qui revenait le devoir spécial de nourrir et d’habiller la caste gouvernante, ils avaient infligé l’épithète de «Vouirou, » qui revient à celle d’esclave ou d’ilote. Le café néces saire à la consommation de la capitale, les mbougou (manteaux d’écorce), que fournit un figuier inépuisable, provenaient dé cette terre des Vouirou, renommée pour sa fertile opulence. Le