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216 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. noms de Hubshi ou de Galla. Cependant les rois actuels, par un retour bizarre vers les temps oubliés, prétendent que leurs ancêtres étaient jadis moitié blancs, moitié noirs, et qu’ils avaient les cheveux droits sur une moitié de la tête, crépus sur l’autre moitié. De même pouvons-nous envisager comme tenant au souvenir de leur extraction étrangère l’opinion qui prévalut à notre sujet dans i’Ounyoro, que l’arrivée d’hommes blancs, se montrant à la fois au midi et au nord de la contrée, présa geait une prochaine conquête. Persuadés comme ils le sont que l’Afrique appartenait jadis aux Européens, à qui les nègres l’ont enlevée avec le secours des Vouahouma, ceux-ci se regardent comme un débris de la race blanche expulsée, idée naturelle après tout, quand on compare leur petit nombre à celui des po pulations qui les entourent. Ajoutez que les princes de I’Ounyoro s’intitulent Vouawitou (hommes du Witou), et quand nous leur demandions où était situé ce pays, ils indiquaient vaguement le Nord, ajoutant, pour répondre à nos questions • « Comment voulez-vous que nous ayons gardé souvenir de choses aussi lointaines?... Mais ce doit être du côté de chez vous. » Tout en se rattachant ainsi, pour ce qui est des temps les plus reculés, à une origine européenne, ces Vouahouma, si dignes d’intérêt, conviennent qu’en dernier lieu ils sont arrivés de l’est, où ils faisaient partie d’une puis sante tribu vouahouma, sise au delà du Kidi, et tellement belli queuse que les habitants de ce pays, l’effroi des peuples voisins, ne purent tenir contre elle. Si nos cartes sont fidèles, ceci s’ap plique aux Gallas ; car, aux yeux de ces peuples, toute tribu de pasteurs appartient à la race vouahouma. Maintenant, si nous admettons que les Vouawitou tirent leur nom d’Omwita, la der nière place dont ils aient fait le siège sur la côte d’Afrique, on voit de quelle lumière serait éclairée la question qui nous occupe. Voilà pour ce qui est des conjectures ethnologiques. Par lons désormais des Vouahouma, depuis qu’ils ont traversé le Nil et fondé le royaume de Kittara, vaste pays bordé au sud par le Victoria N’yanza et la rivière ou kagéra Ki- tangoulé, à l’est par le Nil, au nord par le petit lac Louta- Nzigé *, à l’ouest par les royaumes d’Outoumbi et de Nkolé. Le 1. Louta veut dire morte, nzigé veut dire sauterelle, donc a le lac de la Saute relle morte.