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LES VOUAHOUMA ET LEURS ORIGINES. 215 hisseurs étrangers qui, après s’en être emparés, ont laissé la culture du sol aux travailleurs aborigènes, tandis que la jeunesse des tribus conquérantes se réservait le soin des troupeaux et leur exploitation. C’est justement ce qui s’est passé en Abyssinie, où un clan pasteur, venu du côté de l’Asie, a fait prévaloir sa domination et a toujours gouverné depuis lors, voyant modifier peu à peu, par son continuel mélange avec la race africaine, la couleur de son teint, la consistance de sa chevelure, mais con servant, de son origine asiatique, ce trait spécial qui tient à l’élé vation des parois du nez. Il est permis de croire qu’il exista jadis en Abyssinie un gou vernement solide, quoique de provenance étrangère, lequel, devenu de plus en plus fort, envoya de tous côtés, et surtout d’occident vers le sud-est, des armées nombreuses qui pro menaient avec elles la dévastation et l’esclavage. Les pays con quis prirent à la longue une trop grande étendue pour qu’il fût possible de les maintenir sous le même sceptre. Des princes de la maison royale, généraux victorieux, poussèrent leur for tune et, se détachant de la souche métropolitaine, fondèrent des royaumes séparés auxquels, pour des raisons encore inconnues, ils assignèrent des noms nouveaux. C’est ainsi, devons-nous sup poser, que les Gallas, cessant de former un même groupe avec les Abyssiniens, allèrent, s’établir au midi de leur pays natal. D’autres Abyssiniens, peut-être des Gallas — il importe peu de savoir ce qu’ils étaient au juste et de quel nom nous devons les appeler — se détachèrent à leur tour, entrèrent à force ouverte dans le pays des Somals, qu’ils subjuguèrent tout d’a bord, furent ensuite vaincus- dans une certaine mesure par les Arabes du continent opposé, et portèrent alors leurs armes au sud jusqu’à la rivière Jub, laissant bon nombre d’entre eux dans les pays ainsi parcourus. Us attaquèrent ensuite Omwita(qui porte à présent le nom de Mombas), furent repoussés avec perte, disparurent à l’intérieur du continent, et, traversant le Nil près de sa source, découvrirent les riches pâturages de l’Ounyoro, où ils fondèrent le grand royaume de Kittara. Là, peu à peu, ils per dirent leurs traditions religieuses, oublièrent la langue de leurs aïeux, s’accoutumèrent comme les indigènes à se priver de leurs incisives inférieures, changèrent leur appellation nationale en celle de Vouahouma,et laissèrent s’effacer de leurs annales les