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LE KARAGOUÉ. 211 mes gens avec lies messagers du roi de l’Ounyoro, quand ces derniers s’en retourneront chez leur maître. » 4 janvier. — Cette mission est proposée à Baraka. Il la refuse rait s’il l’osait; mais, honteux de sa couardise, il demande seule ment « qu’on lui laisse choisir un compagnon fidèle, qui, s’il venait à tomber malade, ne le laisse pas mourir seul dans la jungle.» En accédant à son désir, nous atténuons autant qu’il est en nous ce qu’il y a de trop funèbre dans ces préoccupations chimériques. Roumanika, d’ailleurs, nous répond de sa vie et lui fournit, ainsi qu’à son compagnon, un costume pareil à celui de ses officiers. Ce déguisement leur permettra de traverser, sans courir trop de périls, certaines portions de l’Uddou, récem ment et mal annexées au royaume d’Ouganda. 5 et 6 janvier. — Saïdi, un de mes gens, autrefois esclave, capturé dans le Youalâmo, sur les frontières de l’Abyssinie, confirme à Roumanika, par un témoignage direct, ce que je lui disais naguère touchant l’origine des Vouahouma. Cet homme, en effet, rapporte que le bétail élevé par sa tribu est pourvu de cornes énormes comme celui qu’on trouve ici ; le même usage y existe de boire pour principal repas un mélange de sang et de lait. Nous avons eu hier soir une demi-éclipse de lune, pendant laquelle tous les Youangouana n’ont fait que circuler des huttes de Roumanika aux huttes de Nnanaji, chantant et frappant notre vaisselle de fer-blanc pour terrifier l’Esprit du soleil et l’empê cher de dévorer complètement l’astre des nuits, objet d’un culte plus respectueux et plus fervent. 7 janvier. — Un métis indou-souahili, qui est allé visiter le roi de l’Ouganda et revient avec de riches présents en ivoire et en esclaves, nous annonce l’arrivée des officiers que Mtésa nous envoie pour nous conduire immédiatement auprès de lui. Cette excellente nouvelle exalte les espérances de Roumanika presque autant que les nôtres. Il voit déjà l’Afrique ouverte et son nom immortel, regrettant seulement que je ne lui permette pas de compenseren quelque mesure les frais énormes de mon voyage. Le fait est que je viens d'acheter encore aux Arabes des verro teries qui me coûtent plus de quatre cents liv. st., et sans les quelles il me serait impossible,au sortir de l’Ouganda, de pousser jusqu’à Gondokoro. Il le fallait cependant, car toutes les nou-