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LE KARAGOUÉ. 207 étrangers fussent pourvus d’armes à feu, ils furent tous mis à mort par les gens du Kidi. » Précieux renseignement qui venait corroborer une conviction bien arrêtée chez moi, mais bien difficile à faire pénétrer chez les autres , à savoir que les trafi quants peuvent remonter par le Nil jusques au Kidi. Ainsi s’ex pliquait, d’ailleurs, comment le roi Kamrasi avait pu se procurer, quelques années auparavant, certaines perles roses d’une espèce toute particulière que les marchands de Zanzibar n’ont jamais songé à importer dans l’Ounyoro. Bombay était maintenant tout à fait convaincu, et nous nous livrions à de véritables trans ports de joie, lorsque Roumanika vint y mettre ordre en nous disant, à propos de Grant et de sa jambe malade, que les lois de l’Ouganda s’opposaient formellement à ce qu’un étranger infirme fût admis dans le royaume : — « Pour vous faire appré cier l’absurdité de ces gens-là, me disait-il encore, sachez qu'on ne recevra pas votre âne parce qu’il n’a pas de caleçons ; et vous devrez vous-même vous pourvoir d’une robe, car votre vête ment, tel qu’il est, choquerait les convenances du pays. » Je pro posai alors à Roumanika, pour remplir mes caisses de verrote ries qui s’épuisaient rapidement, d’échanger son ivoire avec les Arabes du Kufro, lui offrant de le lui payer à raison de cinquante dollars les trente-cinq livres, au moyen de traites sur Zanzibar . 11 hésitait d’abord, en vertu d’un scrupule honorable, « ne pou vant, disait-il, traiter avec moi une affaire commerciale, » mais lorsque Bombay et Baraka lui eurent présenté la négociation sous son vrai jour — comme un service qu’il me rendrait sans porter la moindre atteinte à sa dignité — il mit l’empressement le plus obligeant à faire tout aussitôt ce que je désirais. Jour de Noël. — Informé que nous célébrons par un repas solennel la naissance de notre Sauveur, le roi nous envoie un bœuf. Je m’empresse d’aller le remercier et profite de l’occasion pour lui rappeler, non sans le faire sourire, que le peuple abys sinien, souche de sa race, s’était rangé tout des premiers à la religion du Christ. J’ajoute que «le temps viendra peut-être où les missionnaires blancs convertiront à nouveau cette nation redevenue païenne. » Arrivent cependant quelques trafiquants Vouahaiya, convoqués expressément à ma requête. Comme les Vouaziwa d’ont j’ai parlé, ils ont négocié jadis avec le Kidi, et enchérissant encore sur ce qui avait été dit par les Vouaziwa,