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LE KARAGOUÉ. 205 leurs deux mains et tournant la paume du côté du ciel ; ils arti culent en môme temps le mot zou dont la signification lui est parfaitement inconnue. Je questionne vainement mon interlocu teur pour savoir si ce monosyllabe peut offrir un sens plus ou moins chrétien, ét si par hasard ce serait une corruption du mot « Jésus. » Tout ce qu’il peut me dire, c’est que la circoncision n’est point pratiquée dans son pays, et qu’on ne s’y fait aucune idée ni de Dieu, ni de l’âme humaine. Une tribu appelée Voua- kouavi, composée d’hommes à peau blanche qui me ressemblent assez, vient souvent par eau faire des razzias de bétail. Leur arme principale est un simè (grand couteau) à double tranchant. Plus d’une fois les Vouamara ont cherché à punir ces audacieuses tentatives et, lancés à la poursuite de l’ennemi, ont pénétré jusqu’à une ville appelée Kisigouisi, où les habitants portent des robes de drap rouge. Les grains importés dans l’Amara pro viennent, à ce qu’il pense, soit de l’Orient, soit dé l’Oukidi. Cette enquête — à laquelle Roumanika prenait part comme interprète et qui paraissait l’intéresser vivement — l’a plus que jamais confirmé dans l’idée que je viens en effet des pays du nord, et que, ces pays fournissant des verroteries à l’Amara, je pourrais bien, comme je l’en ai flatté, frayer la voie à de nou veaux visiteurs. 18 décembre. — Roumanika persiste à ne pas très-bien com prendre le but de mon voyage accompli à si grands frais. Il s’étonne aussi qu’un grand pays comme le nôtre puisse être gouverné par une femme, et veut savoir comment s’appelle la reine, combien elle a d’enfants, dans quel ordre ils doivent se succéder. Puis, satisfait sur tous ces points, il me mène voir les résultats d’un travail qu’avait entrepris Dagara « pour pénétrer jusqu’aux entrailles de la terre. » C’est tout bonnement un fossé profond, creusé derrière le palais sur une longueur de quelques yards et aboutissant à une espèce de caverne dont l’entrée est fort étroite. Bientôt rebuté de cette opération, selon lui tout à fait infructueuse , Dagara ne s’y entêta pas davantage et trans forma la caverne en un séjour mystérieux où il passait, assure- t-on, plusieurs jours de suite sans boire ni manger; — il en sortait, selon sa fantaisie, tantôt en vieillard chargé d’années, tantôt en jeune homme vaillant et robuste. Du 19 au 22 décembre. — Nous sommes allés à plusieurs