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:04 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. Pendant cette opération, la fille de la princesse, qui achève sa seizième année, se tenait assise devant nous, dans un état de nudité complète, absorbant à petites gorgées un pot de lait sous l’œil de son père qui, baguette en main, et prêt à la châtier pour l’y contraindre, préside à cette opération quotidienne, pre mier devoir que la mcde impose aux femmes de ce pays. Je me permis avec cette Hébé, déjà fort dodue, quelques innocentes agaceries ; elle se leva pour moi, elle me donna même une poi gnée de mains. Ses traits étaient agréables, mais son corps affec tait trop évidemment les formes de la sphère. 17 décembre. — On me présente une vieille femme née dans l’île deGasi, sur le petit Louta Nzigé; Kamrasi en a fait présenté son voisin Roumanika qui, l’ayant reçue' comme curiosité, en a fait depuis une des domestiques du palais. Cette bonne vieille est d’une laideur achevée. On lui a enlevé jadis les incisives de ses deux mâchoires, et sa lèvre supérieure est perforée d’une foule de petits trous qui s’étendent en arcade d’une commissure à l’autre. Un homme du Rouanda nous parle des Vouilyanwantou (mangeurs d’hommes) qui, en fait d’aliments, n’estiment que la chair humaine. Roumanika confirme cette assertion. Bien que nos doutes subsistent encore, nous remarquons — la coïnci dence est curieuse — qu’on assigne pour séjour à ces peuplades les mêmes régions où M. Petherick signale l’existence des Nyam Nyams (anthropophages). Un autre des serviteurs de Kamrasi, né dans l’Amara, me fournit des renseignements plus dignes d’intérêt sur ses com patriotes, que le missionnaire Léon a représentés comme pro fessant la religion du Christ. D’après lui, leurs deux lèvres et les lobes de leurs deux oreilles sont percés d’un seul trou cen tral, dans lequel ils passent de petits anneaux de bronze. Ils habitent le voisinage du N’yanza, « là où ii communique par un détroit avec un lac d’eau salée et déborde dans une rivière qui s’écoule vers le nord 1 . » Leurs habitations, bien bâties, ressem blent aux tembé de l’Ounyamouézi. Lorsqu’ils immolent une vache, ils s’agenouillent dans l’attitude de la prière, joignant. 1. Sur la carte de M. Speke, on trouvera l’Amara séparé du Victoria N’yanza , par te district d’Ouvouma, et confinant au lac Baringo, lequel se décharge dans la rivière Asoua qui va se jeter elle-même dans le Nil Bianc, au-dessus des rapides signalés entre Apuddo et Madi, dans le pays qui porte ce dernier nom.