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196 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. rieur du porche Les trente-cinq tambours se mirent alors à battre ensemble de très-bon accord, et quand cessa leur tapage, un orchestre moins nombreux, composé de tambours portatifs et de flûtes de roseaux, vint à son tour charmer nos oreilles. Lorsque les musiciens furent à bout d’haleine, cette seconde partie du divertissement dut prendre fin. Les cérémonies offi cielles commencèrent. Chaque officier de district, l’un après l’autre, s’avançant d'abord sur la pointe du pied, puis s’arrêtant pour imprimer à son corps toutes sortes de contorsions et de vi brations étranges, se rapprochait ensuite par petits bonds, les bras étendus et tordus comme pour les arracher de leurs join tures. Durant toute cette pantomime, ils avaient à la main soit des baguettes de tambour, soit des rameaux, et, avec de folles clameurs, protestaient de leur zèle, de leur dévouement au roi, lui demandant « de leur faire trancher la tête si jamais ils recu laient devant ses ennemis; » ensuite, agenouillés à ses pieds, ils tendaient vers lui les baguettes ou les rameaux symboliques pour qu’il daignât les honorer d’un léger contact. Les génu flexions alternant ainsi avec la musique, la musique avec les génuflexions, — sans autre trêve qu’une danse exécutée par un certain nombre de jeunes filles, dont les gambades un peu primi tives nous rappelaient le « fling » des foires écossaises, — la so lennité parvint à son terme. & et 7 décembre.— Roumanika, ne pouvant me faire entrer dans ses vues hostiles à Rogéro, se borne à me demander un charme qui prolonge sa vie et lui assure une postérité plus nombreuse. Je me débarrasse de ses instances en lui donnant un vésicatoire. Après quoi, changeant de sujet, nous parlons de la création du monde, et je le trouve plus attentif que je n’aurais cru. Ses ques tions, d’ailleurs, témoignent d’une assez rare intelligence; il s’enquiert des effets et des causes; il voudrait savoir pourquoi les empires se démembrent. — « Le Karagoué, par exemple, compre nait autrefois l’Ourundi, le Rouanda, le Kishakka ;,c’était alors le royaume de Merou gouverné par un seul prince. D’où vient que toufcela est changé? » Je tâche, en répondant à cette question, de lui faire comprendre l’influence des doctrines chrétiennes sur la stabilité, la puissance des gouvernements. Il convient sans trop de peine, moyennant les détails dans lesquels je suis entré, que l’ascendant de la plume doit être supérieur à celui désarmés, et