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LE KARAGOUÉ. 181 terrain moins brûlant, et après de nouvelles plaintes contre le régime douanier établi par Souwarora, j’ai fait part au monarque de mes idées sur l’origine de sa race, provenant, selon moi, de nos amis les Abyssiniens, dont le roi Sahéla Sélassié avait reçu de riches présents envoyés par notre reine. Us professaient comme nous la religion du Christ, et il en serait de même des Vouahouma si, par suite de leurs migrations, ils n’avaient perdu la vraie tradition des choses divines. Suivit une longue discus sion historique et théologique dont le roi se trouva tellement édifié, qu’il parut accéder à ma proposition d’emmener avec moi deux de ses fils pour les faire instruire en Angleterre. Ce qu’il ne pouvait comprendre, c’est que, voyageant à si grands frais, — et si riches par conséquent, — nous prissions une telle peine, au lieu de jouir en paix du bien-être à notre disposition. Je tâchai de lui expliquer que, rassasiés de ce bien-être, manger, boire et dormir en paix n’était plus notre idéal; et que, n’ayant pas be soin de nous livrer au commerce pour acquérir une fortune dont nous étions déjà pourvus, la satisfaction de notre curiosité, l’étude des choses humaines,, la contemplation des œuvres de Dieu étaient désormais le but de notre existence. J’ajoutai,— m’a dressant à son orgueil et à ses intérêts, — que nous avions été attirés par le désir de connaître un aussi puissant monarque, et que nous prétendions de plus frayer dans le nord une route par laquelle arriveraient dans le Karagoué les plus précieux articles de l’industrie européenne, sans compter les visiteurs de notre espèce. Tout ceci faisait jubiler Sa Majesté : * Puisque vous êtes venu me voir et voir mon pays, nous dit-il, je vous fournirai des barques pour vous promener sur le lac et des musiciens pour égayer votre promenade; je ne demande, d’ailleurs, qu’à vous complaire en toutes choses. » — Nos albums, nos lits, nos caisses, bref tous les articles de notre bagage furent ensuite examinés en détail, et fort admirés par le monarque, avant qu’il ne prît congé de nous pour le reste du jour. Mousa m’avait conté naguère que les femmes du roi et des princes étaient soumises dans ce pays à un système d’engrais sement tout particulier, et j’avais à cœur de vérifier ce détail de mœurs. Ce fut le principal motif de la visite que je fis, dans la soirée, à Vouazézérou, le frère aîné du roi, qui étant né avant