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LE KARAGOUÉ. 173 éternels à sa postérité la plus reculée. Après de mutuels présents, cet « ancien » me donne sur les pays environnants une foule de détails précieux ; il se sert pour cela d’un bâton couché par terre, dans la direction du sud au nord, lequel représente la route que nous allons suivre; des baguettes de diverses longueurs, hori zontalement placées, indiquent les distances relatives de chaque localité. Cette géographie primitive, revue et corrigée avec soin, me fournit d’utiles renseignements pour les pays situés à l’est et à l’ouest de notre route. 21 nov. Camp de Kiwéra. — Nous quittons les bords de l’Ou- rigi actuel, pour marcher quelque temps encore dans ce qu’on nous dit être son ancien lit. L’abondance et la variété du gibier rendent le voyage tout à fait amusant. Les rhinocéros sont en tel nombre et si effrontés, qu’en mainte et mainte occasion ils nous barrent littéralement le passage. Il est très-divertissant, en pa reille occasion, de voir nos intrépides Youangouana s’avancer par détachements de trois ou quatre vers ces irrévérents animaux ; puis, quand ils ont lâché leur volée, s’enfuir d’un côté, tandis que le gibier se sauve de l’autre. Nous sommes rejoints après le coucher du soleil par le docteur K’yengo, porteur du tribut extraordinaire (fils d’archal et fils de laiton) que Souwarora ex pédie au grand roi Mtésa, comme équivalent de la défunte prin cesse que ce dernier voulait épouser. Il est entendu que nous voyagerons de conserve jusqu’à Uthenga. 22 nov. Utlienga. — Opulente vallée qu’entourent, à une hau teur de plus de mille pieds, des montagnes escarpées, partout revêtues d’une végétation qui fait songer à celles d’Écosse. Dans le bas, les arbres sont magnifiques, et on y voit de riches cul tures parmi lesquelles prévaut, nous dit-on, celle du bananier. Malgré cette apparente fertilité, les Vouanyambo qui habitent là de misérables huttes paraissent tout à fait pauvres. Sait-on qui nous trouvons installé dans le village?... Irungou, l’officier de l’OugandaI... Au lieu de porter mon présent à Mtésa, comme il l’avait promis, le drôle a trouvé bon de s’arrêter chez les Voua nyambo, dont il exploite largement la docilité, se grisant à loisir de cet excellent vin de bananes qu’ils appellent marwa, mais qui est désigné plus généralement sous le nom de pombé. Il ne demanderait pas mieux que de me soutirer un supplément de rassade, et, voyant que je ne me laisse plus prendre à ses ruses,