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168 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. négociateurs, mais ils se sont empressés de changer de sujet, en réclamant les cadeaux que l’usage attribue aux Vouahinda ou Vouanawanis (les enfants du roi). Je m'en suis tiré avec trente-quatre paquets de fil de fer et six pièces d’étoffes pre mier choix. 15 nov. Kitaré. — Une escorte d'officiers nous est assignée, qui veillera sur nous jusqu’à la frontière. C’est un grand hon neur, sans doute, mais nous le devons principalement à la terreur superstitieuse que nous vaut notre réputation de sorcellerie. Peu nous importe, au surplus : l’essentiel est de trouver devant nous une hospitalité moins rapace. En gravissant les hauteurs qui dominent la vallée d’Uthoungou, nous rencontrons sur notre route des cairns ou tumuli, auxquels il est d’usage que chaque voyageur ajoute une pierre. Sur l’ori gine de ces monuments, qui rappellent les gal-gal, les men hirs, les dol-men de l’époque druidique, je n’ai pu me procurer aucuns renseignements positifs; je suis cependant frappé de ce fait, qu’ils se montrent à moi dès que j’aborde une contrée appartenant exclusivement aux Vouahouma, et que je les ai vus précédemment dans le pays des Somals, qui, très-certainement, à une époque antérieure, fut gouverné par un rameau détaché de la race abyssinienne. L’officier du district où nous campons, bien qu’il réside à dix miles de nous, pnvoie réclamer la taxe à laquelle il prétend avoir droit. Je m’exécute après quelque ré sistance, mes guides s’étant engagés à me garantir contre toute réclamation ultérieure. 16 nov. Vihembé. — Pressant le pas et avec la gaieté de l’oiseau qui s’envole, nous sommes arrivés, au sortir d’une belle forêt, à l’entrée d’une vallée profonde qui porte le nom de Lohougati. Sans nous être donné le mot, et par un mouvement instinctif, la caravane entière s’arrête devant l’imposant tableau qui s’offre tout à coup à ses yeux Au fond de cette vallée, couverte d’épais ombrages, un courant d’eau limpide s’élance dans la direction du N’yanza. Une végétation luxuriante et variée, des arbres ma gnifiques parmi lesquels se distingue le gracieux palmier qui porte le nom de pandana, des jardins de bananiers, des plants énormes d’indigo sauvage et de chardons, font de ce coin de terre une espèce de paradis touffu, par de là lequel on entrevoit une rangée de cônes rougeâtres aux sommets dénudés, sillonnés du