INTRODUCTION. 3 par cela même, lui semblait sujette à bien des controverses. Ses doutes exprimés avec trop peu de ménagements — ceci du moins est à supposer — suscitèrent entre les deux émules, qui pouvaient mutuellement se soupçonner de quelque jalousie, un dissentiment dont l’aigreur toujours croissante se trahit dans le passage suivant, emprunté au livre du capitaine Burton : « Je crus néanmoins devoir suspendre une discussion dont tous nos rapports commençaient à souffrir. Il devenait évident que je ne pouvais plus dire un mot au sujet du lac ou du Nil sans offenser mon camarade; et par un accord tacite, nous évi tâmes de parler de sa trouvaille, même indirectement. Je n’y serais jamais revenu, si le capitaine Speke n’avait jeté le ridicule sur les résultats de notre voyage par cette prétendue découverte, appuyée sur de si minces raisonnements que pas un seul géo graphe ne les a discutés. » Sans accepter comme un exposé nécessairement fidèle des raisonnements du capitaine Speke l’analyse qu’en donne son compagnon de fortune, nous croyons que, lors de son premier voyage au Nyanza, ce fut surtout une sorte d’intuition qui lui fit pressentir le fait géographique dont il fournit les preuves dans le livre que nous allons interpréter aujourd’hui. Elles nous pa raissent sinon tout à fait décisives, au moins très-pertinentes et très-sérieuses; aussi, loin qu’elles échappent, parleur inanité, à la discussion des géographes, il nous semble que le capitaine Burton pourrait bien se trouver, en définitive, le seul géographe qui les conteste. Loin de nous la pensée d’intervenir dans ce débat. Notre mis sion est toute autre. Elle consiste à produire devant le public, juge souverain et en dernier appel de ces prétentions contradic toires, les affirmations et les preuves de l’écrivain qui le dernier a pris la parole. Élaguant çà et là, principalement dans les pre miers chapitres du voyage, — consacrés à des localités déjà décrites assez minutieusement par le capitaine Burton, —•