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156 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. plétement ivre qu’il n’a pu comprendre un seul mot à cê que je lui disais de votre part. — Pourquoi donc se tant féliciter? — Je l’ai vu, vous dis-je, et cela dès le premier jour, tandis que Masoudi, après tant et tant de délais, n’a pas encore obtenu la même faveur. » Nasib semblait tout aussi émerveillé que Bombay : — « Vous ne connaissez pas, me dit-il, l’étiquette dont s’entourent ces rois Vouahouma; ils ne ressemblent en rien à ceux que vous avez pu voir dans l’Ounyamouézi ou partout ailleurs; ils ont des officiers et des soldats comme Saïd Majid, le sultan de Zanzibar. — Hé bien, repris-je, m’adressant à Bombay, comment avez- vous trouvé Souwarora? — C’est un fort bel homme, répondit-il; tout à fait la taille et la figure de Grant : si Grant était noir, vous ne les distingueriez pas l’un de l’autre. -Est-ce que ses officiers se trouvaientdans le même état que lui? — Certainement; ils s’étaient grisés tous ensemble. Le pombé circule par-là du matin au soir. — Et on ne vous a pas fait boire? — Si fait, certes, répliqua Bombay, dont le sourire narquois mit au jour sa double rangée de dents taillées en pointe. Ils ont essayé.... Après quoi, ils m’ont fait voir l’emplacement assigné à votre camp.... Ce n’est pas dans le palais, mais au dehors, dans un endroit où il n’y a pas un arbre.... La résidence n’a rien qui promette beaucoup.... » Il fallait pourtant en finir avec le damné hongo. Bombay fut chargé de faire accepter aux deux chefs, à la place des étoffes qu’ils demandaient et que je n’avais pas, un équivalent en fil d’archal. Lorsque tout fut conclu, — et au moment où j’allais me mettre en marche,—Vikora, dont je ne m’occupais plus, se pré senta tout à coup, armé de prétentions égales à celles de ses col lègues. La journée du 30 fut encore perdue à me débattre pour lui faire accepter moins qu’ils n’avaient reçu. L’affaire ne fut ter minée que le lendemain matin (31) où, après être descendus dans une vallée fangeuse et lorsque nous eûmes gravi une se conde montagne, nous vîmes enfin devant nous le palais de Souwarora. Sise au fond de la vallée d’Outhoungou, cette habita tion dont les clôtures embrassent une vaste étendue de terrain,