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154 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. 25 oct. Chez Vikora. — On se rappelle peut-être Sirboko, notre hôte de Mininga, et le meurtre commis par lui sur la personne d’un des chefs indigènes. Ce dernier était précisément le père de Vikora qui, en souvenir de cet acte, se montre habituelle ment très-rigoureux à l’égard des trafiquants. Il s’abstient cependant de nous molester, en vertu des ordres exprès de Souwarora qui nous mande, par le retour de notre messager, de venir le trouver au plus vite. 26 oct. Chez Karivouami. — Ces bons procédés du chef de l’Ousoui nous ayant mis en joie, nous avions gravi lestement la montagne de N’yakasenyé, lorsqu’en arrivant au sommet, nous nous trouvâmes en face d’un gros détachement qui exigeait le prix du passage. Souwarora s’était ravisé, à ce qu’il paraît, sous l'influence dominante de deux de ses principaux officiers, — Ka rivouami, chez lequel nous étions, et Virembo, qui habite à deux marches en arrière, — tous deux en ce moment auprès de leur chef. N’ayant rien de mieux à faire, j’ordonnai de former le camp et je dépêchai Nasib à « Sa Hautesse » pour lui adresser de ma part les représentations les plus pressantes, non celles d’un simple marchand, mais d’un prince son égal, venu pour remplir une mission amicale auprès de lui et de Roumanika. Tandis que le soir même, pour attendre avec plus de patience le retour de mon ambassadeur, je m’occupais de quelques observations astronomiques, d’audacieux voleurs se glissèrent parmi les broussailles qui entouraient le camp, et vinrent accoster deux de nos femmes, sous prétexte de leur demander ce que je faisais. Sans méfiance, elles répondaient à leurs questions, lorsque ces misé rables se jetèrent sur elles et disparurent après les avoir dépouil lées de tous leurs vêtements. Elles furent obligées, pour rentrer au camp, de passer sous mes yeux dans un état de nudité com plète. J’avais souffert patiemment, jusque-là, quelques larcins de peu d’importance qui se renouvelaient à peu près toutes les nuits, mais cette fois, je trouvai la hardiesse un peu forte, et j’ordonnai de tirer sur tous les déprédateurs qui se montre raient aux environs. Cette consigne, ponctuellement exécutée, eut de prompts résultats. Dans la nuit du 26 au 27, un de nos larrons reçut une blessure qui nous permit le lendemain matin de suivre jusqu’à une certaine distance ses traces ensanglantées, et dont il mourut, à ce qu’on nous dit, quelques heures plus tard.