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150 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. qu’une pacification incomplète. Nous sortîmes du Bogouéle 11, pour passer dans le district d’Ougomba, et la marche sui vante (12) nous fit traverser, dans l’Ougombé, le nullah ou ravin d’Ougongo, qui va se jeter à l’ouest dans la rivière Malagarazi. Là, quelques-uns des porteurs, essayant de fuir, virent leur re traite coupée par mes gens de la côte, avec lesquels ils engagè rent un combat. Ceux-ci, victorieux, brisèrent les arcs de leurs adversaires, ce qui mit tout le camp en révolution, l’honneur de la tribu se trouvant compromis, à ce qu’il semble, par cet inju rieux procédé. Bombay apaisa pourtant ces susceptibilités, au moyen de quelques fils de verroterie judicieusement distri bués. 13 et f4 oct. Halte chez Pongo. — Pongo est le nom du chef de ce district; il débute par nous envoyer une vache dont il ré clame, bien entendu, l’équivalent. Une entrevue que nous sollici tons est refusée, sous prétexte que notre hôte consulte sa corne magique afin de savoir quelles gens nous sommes. Suivent les fatigantes négociations du hongo, telles qu’il a fallu les raconter déjà bien des fois. Nos présents nous sont retournés avec un dé dain affecté. Ce que nous y ajoutons, conformément aux préten tions qu’on a élevées, se trouve encore insuffisant; marchan dage honteux, débats écœurants qui aboutissent enfin, tant bien que mal, à un compromis équivoque. Cette fois, quand on a battu le « tambour de satisfaction », les gens de Souwarora viennent le plus galamment du monde se prosterner à mes pieds en me félicitant de cette heureuse issue. Pongo se montre enfin après une nuit d’hésitations, mais avec une nombreuse escorte et en tenant sa tête cachée dans un morceau d’étoffe, pour conjurer, à ce qu’il paraît, notre « mauvais œil. » Il n’en rachète pas moins en partie ses fâcheux procédés, car ses exhor tations déterminent un certain nombre de ses sujets à s’enrôler avec nous, et nous en avions grand besoin, vu que la moitié de nos pagazis venait de prendre la fuite. On abuse, il est vrai, de notre position pour nous faire payer horriblement cher. Nos porte-faix sont engagés à raison de dix colliers de perles par tête et par journée de marche. C’est à peu près dix fois plus que n’accordent ordinairement les trafiquants arabes. La volaille abonde ici comme ailleurs, bien qu’on l’élève uniquement pour la vendre aux caravanes, et que les indigènes n’en usent jamais