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148 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. de Loumérézi qu’en échange de trente pièces d’étoffe. Il enjoint de plus aux Vouahouma réfugiés ici de venir le trouver sans re tard. * Si ces ordres ne sont pas ponctuellement exécutés, il en verra saisir Loumérézi, à la place duquel il instituera un autre chef. » Mon hôte me consulte, et, en m’expliquant la conduite de son prince, lui attribue l’intention de l’humilier, pour réprimer l’orgueil excessif qu’a dû lui causer la présence de visiteurs tels que nous. —Je lui réponds que, s’il ne se trompe pas, le mieux serait de nous laisser partir au plus vite, en nous procurant, comme il l’a promis, tous les secours nécessaires pour arriver à l’Ousoui. Ces suggestions sont accueillies. Loumérézi m’assigne pour guide un de ses officiers nommé Sangizo. Pendant que cet homme, fier de sa mission, se met en mesure de nous trouver des porteurs, nos amis les Vouasoui, partis, on s’en souvient, le 25 du mois d’août, revinrent avec ce qu’on pourrait appeler la « masse » de Souwarora — une longue baguette de bronze, au tour de laquelle sont fixés des talismans et qu’on appelle Ka- quenzingiriri, (le Maître de toutes choses). — « C’était, disaient- ils, une invitation que leur chef nous adressait; Souwarora ne réclamait aucun hongo; son unique but était de nous voir, et il nous envoyait ce kaquenzingiriri pour nous faire respecter par tout où nous passerions. » 5 octobre. — Loumérézi, bien évidemment confus de l’ascen dant qu’exerce sur lui cette baguette de Souwarora, nous a quittés cette nuit sans prendre congé de nous. Il nous a fait dire « qu’il partait pour aller se faire rendre par Rouhé le fusil et les divers autres objets indûment exigés de Grant. » 6 octobre. Mouamba. — Ayant à ma disposition ce qu’il me faut de pagazis pour emporter la moitié de nos marchandises, je pars en avant, tout malade que je suis, obligé de m’arrêter à chaque pas pour reprendre haleine, et complètement privé de l'usage de mon bras gauche. Grant me rejoint le lendemain (7), avec le reste des bagages, portés par des hommes qui se sont enrôlés seulement pour une journée de marche. Nous fîmes halte le 8, ayant devant nous cinq journées de voyage à travers un pays dévasté par les Sorombo et les Voua- touta. 11 faut se procurer des rations pour toutes ces étapes ; il faut aussi, ne trouvant personne qui veuille s’engager à nous accomqagner au Karagoué, embaucher à des prix exorbitants des