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146 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. Du 22 au 24 sept. — Les agitations de ces dernières jour nées ont été, en somme, favorables à ma santé. Loumérézi, harcelé par moi, s’est décidé à faire menacer M’yonga de nos hostilités combinées, s’il ne livrait pas immédiatement passage à Grant. Cet ultimatum est arrivé trop tard, alors que le hongo venait d’être définitivement convenu. La nouvelle m’en a été apportée par Bombay qui, après six semaines d’absence, me re vient enfin de Kazeh. Il me ramène le vieux Nasib que Foundi Sangoro a fait vigoureusement fouetter pour le punir de m’a voir abandonné; le pauvre diable, honteux de sa conduite, a juré de l’expier par un dévouement irréprochable. Boui, son col lègue, soumis à la même correction, s’est déclaré un lâche endurci, et a reçu son congé définitif. Bombay me rapporte trois nouveaux dioulis qui me coûtent cent soixante dollars. Il paraît que la campagne des Arabes contre Manoua Séra n’est pas en core terminée. Le jeune chef déjoue par ses ruses toutes les ten tatives faites pour s’emparer de sa personne. Le 25, je m’attendais à voir arriver Grant, et, nonobstant mon épuisement asthmatique, j’allai au-devant de lui. Encore une dé ception : Rouhé le retient par des exigences auxquelles Grant ne veut se soumettre que si je lui en donne l’ordre formel. Mon compagnon m’envoie, en même temps que cette désagréable nouvelle, le compte exact de ce que lui ont enlevé les gens de M’yonga et de ce que M’yonga lui-même l’a contraint à payer. Le tout équivaut à huit charges d’homme. Outre les étoffes et les verroteries, on lui a volé un sabre-baïonnette, un miroir, une scie, une caisse de munitions. Une autre caisse de muni tions figure dans le hongo ; et enfin Grant me signale la perte d’un pauvre âne, ma monture favorite, que les sauvages ont assommé à coups de bâton. — Cette perte m’affecte encore plus que toutes les autres. J’allais répondre à Grant, d’après les dires de Loumérézi, qu’il ne fallait rien payer à Rouhé, auquel son « père » avait fait en joindre de renoncer à ses prétentions, et contre lequel il voulait marcher dans le cas où son autorité serait méconnue; mais, avant que ma lettre fût terminée, Grant lui-même vint se jeter dans mes bras, et nous nous égayâmes ensemble du récit de nos mutuelles infortunes. Rouhé, bien loin d’obéir aux ordres de Loumérézi, avait tout mis en œuvre pour dompter la résistance