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L’OUZINZA. 145 tre les pagazis de Grant, aussi bien parce qu’ils sont ses sujets qu’à raison des conséquences inséparables de pareils procédés. Les routes ainsi fermées, plus de caravanes et plus de hongos. Lui-même, d’ailleurs, se verrait bientôt hors d’état d’expédier son ivoire sur la côte. Touché de ces raisons, il autorise le dé part d’une douzaine de porte-faix qui consentent à s’aller mettre sous les ordres de Grant. Celui-ci était aux prises avec de nouvelles prétentions de M’yonga qui réclamait, à titre de hongo, deux fusils, deux caisses de cartouches, quarante bracelets en fil de laiton et cent soixante mètues d’étoffes américaines,— ou bien, à défaut de ceci, l’assis tance de dix Youangouana pour élever une borna sur un point de son district sujet aux invasions des Youasonga. Ne voulant à aucun prix livrer une seule de nos armes à feu, — ce qui était con traire aux principes posés par moi, — Grant se trouvait fort empêché; d’autant que ses nouveaux porteurs commençaient à s’inquiéter, et que la désertion se mettait dans leurs rangs. J’expédiai aussitôt Baraka, chargé de dégager Grant à quelque prix que ce fût, — sauf toutefois un sacrifice d’hommes, de fusils ou de munitions, — lui enjoignant en outre de rappeler à M’yonga que, selon nos stipulations expresses, le tribut payé pour mon passage devait affranchir Grant de toute taxe. Quelques-uns des bandits qui avaient dévalisé mon compa gnon étant venus trafiquer de leur butin sur les terres de Loumé- rézi ont été chargés par M’yonga d’y vendre un certain nombre d’esclaves, parmi lesquels se trouvaient, par hasard, les deux femmes Youahouma dont il a été question précédemment. Celles-ci ont été reconnues, et nos voleurs arrêtés sur-le- 'Champ. Conduits à la résidence de Loumérézi, devant lequel ils avaient à comparaître, mais qui se trouvait momentanément absent, ils ont cru bien faire, pour employer utilement leurs loi sirs, de venir me proposer l’achat de leurs verroteries. J’en ai reconnu la provenance et je les leur ai reprises sans balancer; je les aurais même régalés du fouet, si je n’avais craint les re présailles auxquelles mon compagnon de voyage était encore exposé. Quant aux pauvres femmes Vouahouma, elles furent mises à mort par leurs maris, dès leur retour chez Loumérézi, parce qu’en se soumettant volontairement à l’esclavage, elles avaient enfreint les lois de leur race.