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L’OUZINZA. 143 leur chef n’avait rien à espérer de moi. Sans insister autrement, et en vertu des instructions qu’ils avaient sans doute, ils se con stituèrent nos guides d’office, jusqu’au moment où nous voulûmes quitter le sentier qu’ils suivaient : alors, gagnant les devants par une manœuvre rapide, ils nous barrèrent le passage, plantèrent leur lance dans le sol, et nous défièrent d’avancer! « Cette menace ne fit que nous affermir dans notre détermina tion, et nous nous jetâmes en avant, balayant du pied leur fra gile barricade. Après avoir franchi environ sept milles sans être inquiétés le moins du monde, une clameur aiguë partie des bois attira mon attention, et nous vîmes fondre sur nous, avec les dehors de la gaieté la plus cordiale, une masse d'à peu près deux cents hommes. Un instant plus tard, abordant le centre de la caravane, ils se jetaient sur nos pauvres portefaix. La lutte n’a pas été longue; nos hommes, pris à la gorge et menacés de mort, se laissèrent dépouiller, non-seulement de leurs fardeaux, mais de leurs vêtements et de leurs parures : avant que la résis tance pût être organisée, toutes les marchandises avaient dis paru. Trois hommes seulement tenaient bon à côté de moi; j’avais beau rappeler les autres qui, ne songeant qu’à éviter un coup de flèche ou de javeline, s’étaient dispersés dans les taillis. Un seul, notre petit Rahan, son fusil armé, défendait vaillam ment sa charge contre cinq sauvages arrivés sur lui la lance haute. Parmi les fuyards, deux ou trois passent pour avoir été tués; quelques-uns ont reçu des blessures. Nos caisses, nos verroteries, nos étoffes, jonchaient au hasard les bois voisins. Bref, un naufrage complet. « On s’opposait ouvertement à ce que j’allasse demander jus tice au sultan, et il a fallu me résigner à demeurer assis au milieu de cette insolente canaille, exaltée par sa facile victoire. Parmi les coquins qui m’entouraient, plusieurs étaient déjà vêtus de la dépouille enlevée à nos gens. « Dans l’après-midi, quinze hommes et autant de charges m’ont été renvoyés avec un message du sultan. Il affirme que l’attaque est le résultat d’une simple méprise, qu’un des agres seurs a déjà eu la main coupée pour ce méfait, et que tout ce qui nous appartient nous sera rendu. « Tout à vous, J. A. Grant.