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142 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. cette idée, l’exemple de l’Ounyanyembé et de l’Ougogo. D’ailleurs, je lui fais honte de son attitude vis-à-vis de Rouhé, qui prend des airs de sultan et semble vouloir s’attribuer le monopole des hongos à payer pour la traversée du district: « Si j’étais à votre place, lui dis-je, il aurait à me rendre tout ce qu’il a pris de trop à la dernière caravane, et je le restituerais à Masoudi. » Le 16, à minuit, je suis soudainement réveillé par un bruit de pas. Plusieurs hommes se précipitent dans ma tente et, tout haletants encore de leur course, parlant par saccades, presque inintelligibles dans leurs explications incohérentes, me racon tent qu’ils ont laissé Grant aux prises avec des périls de tout genre, par suite d’une attaque imprévue qui a dispersé la cara vane. « Tons les Vouangouana ont été tués ou mis en fuite par les gens de M’yonga. Grant est resté seul sous un arbre, sans autre protection que celle de son fusil. Quant à eux, simples portefaix, n’ayant ni les moyens ni la mission de le défendre, ils se sont hâtés d’accourir vers moi, pour que j’avise à le tirer de cette position critique.... » Ces mauvaises nouvelles me trouvent en garde contre leur exagération. Je comprends, néanmoins, qu’il se passe quelque chose de grave, et, sans une minute de retard, j’ordonne à tous mes gens de marcher au secours de Grant. Baraka, toujours décourageant, profite de l’occasion pour s’écrier à haute voix, en s’arrêtant devant ma tente, * qu’il est impossible, désormais, de songer au voyage du Karagoué. » Je lui adresse, en revanche, une verte réprimande, à l’adresse de nos auditeurs qui s’éloignent bien édifiés sur mon invariable déter mination de marcher en avant. Le lendemain, 17, lettre de Grant, où il me fait connaître exactement les détails de la catastrophe. « 16 septembre 1861. « Mon cher Speke, » La caravane a été attaquée, pillée, dispersée de toutes parts, tandis que nous traversions ce matin le pays de M’yonga. Éveillé dès l’aurore, je pressais le départ afin de vous rejoindre plus tôt, lorsque mon attention fut attirée par un débat assez vif qui Venait de s’élever entre nos principaux guides et sept ou huit gaillards bien armés, que m’avait dépêchés le sultan M’yonga pour me persuader de m’arrêter dans son village. Il leur fut sommairement répondu qu’ayant déjà reçu de vous un présent,