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140 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. met à une immersion prolongée, après quoi on la travaille avec des marteaux à rainure qui en font une espèce de cuir côtelé. Saïm, qui a résidé dix ans de suite dans l’Ouganda, dit qvoir traversé le Nil et trafiqué, du côté de l’est, jusque dans le pays des Masai. Il suppose que le N’yanza est la source de la Rou- mouma ; car le courant au moyen duquel se décharge le lac après avoir passé entre l’Ouganda et l’Ousoga, traverserait selon lui l’Ounyoro et, faisant ensuite le tour du lac deTanganyka, irait se jeter dans la mer des Indes, au sud de Zanzibar. Il sait d’ailleurs le kiganda' aussi bien que sa langue natale, et, puisque j’avais besoin d’un interprète, il s’offrait à m’en servir. C’était là ce qu’on peut appeler un coup du ciel; aussime hâtai-je de conclure avec lui, et, après lui avoir fait prendre de nouveaux habits qui lui donnaient une vraie tournure de gentleman, je le dépêchai à Grant, dès le lendemain matin, avec une lettre qui l’accréditait auprès de mon compagnon. 1"et 2 septembre.—Les Vouatouta ont décidément commencé les hostilités en tuant une femme, jadis leur captive, et qui, échappée de leurs mains, était venue résider ici. Loumérézi a dû se mettre en campagne pour tirer vengeance d’un tel affront; mes hommes ont consenti à l’accompagner, mais l’expédition n’a conduit à rien, si ce n’est à effaroucher l’ennemi et à retrouver le cadavre de la malheureuse victime. Le lendemain, la disparition de trois femmes Vouahouma souleva de nouveaux orages. Loumérézi soupçonna aussitôt que les gens de la caravane, dont Saïm faisait partie, avaient dû les emmener à titre d’esclaves. Ce n’était pas la première fois que pareil vol aurait été commis. Le chef de la caravane, ramené de force, prétendait n’avoir aucune connais sance de l’incident; mais on lui déclara qu’il resterait prisonnier jusqu’à ce que l’affaire fût éclaircie. Presque en même temps, un des sujets de Loumérézi, revenant du Sorombo avec un troupeau de vaches dont il était allé faire emplette, a été arrêté par l’ordre du chef. Il paraît que, pendant son absence, on avait constaté la grossesse de l’une des filles de Loumérézi, laquelle, interrogée de fort près, a fini par désigner cet individu comme complice de sa faute. Pour compenser la a moins-value » de sa fille, qui perd 1. D’après les explications données plus haut, le kiganda est l’idiome particulier l'Ouganda.