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L’OUZINZA. 133 si je persistais à malmener ainsi les chefs indigènes. Mais les barbes-grises revinrent dès le lendemain avec des instances un peu plus pressantes que par le passé. La journée tout entière se perdit encore en vaines discussions, mes hommes se refusant à bouger sans l’autorisation du chef. Je songeai à faire partir Bombay, pendant la nuit, avec Boui, Nasib et le guide qui s’était chargé d’eux; le premier s’y prêtait, mais les deux autres mirent en avant les mêmes objections qui m’avaient jadis été opposées. Dans cette conjoncture embarrassante, Boui me supplia de per mettre qu’il allât négocier avec Loumérézi, et comme il était, après tout, le centre de la résistance, je crus bien faire de me délivrer de lui au moyen de cette mission. Il en revint, pénétré des bonnes intentions du chef, qui sollicitait simplement l’hon neur de nous voir, refusait d’avance tous nos présents, me pro mettait de recruter pour moi autant de porteurs qu’il m’en fallait, et, comme garantie de ses belles paroles, m’envoyait la hachette de cuivre qui est le symbole officiel de son autorité sur le district. 23 juillet, chez Loumérézi. — Toute résistance ultérieure ne de vant aboutir qu’à une perte de temps, j’ordonnai qu’on se mît en marche vers la résidence de Loumérézi. Nous ne l’y trou vâmes point, mais il revint le soir même dans sa borna où, pour célébrer notre arrivée, il fit battre tous ses tambours. Je ripos tai par trois coups de fusil à celui qu’il avait tiré en notre hon neur ; dans la soirée, tandis que je m’occupais d’observations astronomiques, je me sentis envahi par un froid si intense, qu’aussitôt après avoir déterminé la position, je crus devoir m’aller mettre au lit. J’y restai cloué par une fièvre ardente, et le lendemain il me fut impossible de me relever. Mille symp tômes alarmants, accompagnés de souffrances aiguës, se compli quaient pour moi pendant mon sommeil d’un tas de visions absurdes :—je combinais, par exemple, avec sirRoderick Mur- chison, une marche à travers l’Afrique; —je voyais affluer dans mon camp des êtres bizarres, moitié hommes et moitié singes, venus pour m’annoncer de la part de Petherick qu’il m’atten dait avec des barques à l’angle sud-ouest du N’yanza, etc., etc. Loumérézi était venu me voir dès le matin « pour s’enquérir, disait-il, de ma santé » et, désireux de sortir promptement de ses mains, je l’avais reçu avec tous les honneurs militaires ; mais ce