132 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. et l’avait sans doute avant votre arrivée. — Si cela est, repris-je, comment se fait-il que mes paquets soient ouverts et nies fils éparpillés de tous côtés. — C’était pour les surveiller mieux; je craignais, les laissant au dehors, qu’on ne vînt les voler et que je n’en eusse tout le blâme. » Il fallait, ou se contenter de ces mauvaises excuses, ou provo quer de nouveaux démêlés, alors que j’avais besoin de la bonne volonté de tous mes gens. J’optai pour la première alternative, et j’écoutai patiemment tout ce que Baraka voulut me raconter à propos d’une insurrection qu’il avait réprimée au risque de sa vie, mais non, toutefois, sans accorder aux rebelles un certain nom bre de vaches qu’il avait pris sur lui d’acheter en mon nom. La vérité—je le sus plus tard— est qu’il avait fait emplette de trois Forgerons de l'Ouzinza. ou quatre esclaves, payés de mes deniers, et que sa querelle avec quelques-uns des nôtres avait pour motif leurs empressements auprès de la femme temporaire qu’il s’était donnée. Pour obtenir cette princesse, née dans le Phounzé, il avait offert à sa mère dix colliers de mes perles, et avait dû s’engager à défrayer les dépen ses de la jeune fille pendant tout le voyage : — que si, au retour, elle lui plaisait encore, et s’il refusait de la rendre aux siens, il durait dix colliers à payer de plus. Je ne demandais qu’à passer outre ; mais ceci n’était pas facile en présence des Youanyapara (ou barbes-grises), qui, de la part de Loumérézi, réclamaient impérieusement ma visite. Je leur avais d’abord répondu par un refus formel, malgré les adjurations effrayées de maître Boui qui menaçait de me quitter