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L’OUZINZA. 131 suite son retour. Cette combinaison allait encore une fois me sé parer de Grant, et j’en éprouvais le plus grand regret; mais les circonstances où nous nous trouvions ne me laissaient pas d’au tre alternative. Compris, obéi comme j’aurais dû l’être, mon plan de campagne eût été tout différent. Ce fut le 18, après avoir déjeuné chez Rouhé, que nous arri vâmes à Mihambo sans y être attendus le moins du monde. L’Union-Jack, hissé sur la borna, flottait au-dessus des arbres. C’était un expédient de Baraka pour attester aux Vouatouta la présence de gens armés de fusils ; précaution nécessaire attendu que tous les villages des environs venaient d’être visités et pillés par. eux. Loumérézi, le chef du district, avait fréquemment insisté pour que mon délégué, quittant le poste où je l’avais mis, vînt habiter son palais. « Il ne pouvait supporter, disait-il, que les étrangers qui avaient reçu l’hospitalité de son mtoto (de son en fant, de Son inférieur) — c’est de Rouhé qu’il parlait ainsi — re fusassent de vivre sous son toit. » Il ne parlait de rien moins que de faire couper la tête au chef du village, si Baraka, influencé, croyait-il, par ce dernier, s’obstinait dans ses refus. Puis, chan geant de tactique, il menaçait de prendre les visiteurs par la fa mine, et laissait entendre qu’il exigerait d’eux un hongo pour le moins égal à celui qu’avait reçu Rouhé. Baraka, se retranchant sur ce qu’il n’était qu’un subalterne, était demeuré fidèle à sa consigne ; mais il avait cru devoir expédier à Loumérézi une pièce de drap pour ne lui témoigner ni mépris ni hostilité. Tandis qu’il me donnait ces explications, j’entrai dans ma tente, où il avait élu domicile, et fus assez surpris d’y trouver épars sur le sol plusieurs paquets de fil d’archal. L’incident me parut suspect, et j’ordonnai à Bombay de reprendre immédiate ment ses fonctions de factotum. Sur ces entrefaites, un.villageois vint m’offrir de troquer une pièce d’étoffe contre du fil d’archal qu’il m’apportait.'Ce fut un trait de lumière, et voyant ce qu’il y avait sous jeu, je sommai Baraka de m’expliquer comment cet homme se trouvait en possession d’un objet qui m’appartenait, lorsque je lui avais expressément défendu de défaire un seul des paquets confiés à sa garde. A quoi il me répondit froidement que le fil ne m’appartenait pas, et que, sans compter le mien, il en existait beaucoup d’autre dans le pays. « Oui-dà, lui dis-je, mais ce paysan prétend le tenir de vous? — Il ment, à coup sûr,