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L’OUZINZA. 127 ticable de m’embarquer sur un radeau ; — « mais il ne fallait pas songer, disait-il, à traverser l’Ousoui, à moins que les trafi quants ne se décidassent à parcourir ensemble, et de conserve, les districts du nord. Je ne dompterais pas la résistance obstinée de mes gens, et, si je voulais l’emporter de haute lutte, ils m’a bandonneraient tous infailliblement. » Je continuai ma route, malgré la toux qui me fatiguait de plus en plus, et quatre ou cinq jours après, le 2 juillet, j’arrivai chez Abdalla, le fils aîné de Mousa, chez qui je constatai une trans formation totale. Au lieu de l’adolescent que j’avais laissé s’adonnant à l’ivrognerie et dépourvu de toute élégance exté rieure, je retrouvais une espèce de « dandy » qui passait des journées entières accroupi comme feu son père sur des mon ceaux de coussins; mais il inspirait moins de respect à ses su balternes, et la maison n’était plus montée sur le même pied. Le sheik Saïd, devenu son principal commis, ne le quittait guère, et les Hottentots se dédommageaient chez lui des priva tions du voyage, mais à mes dépens, bien entendu. Voyant l’embarras où j’étais., Abdalla promit de me procurer des hommes; il prétendait même, à l’instar de son père, vouloir s’associer à l’expédition ; mais il fallait attendre l’arrivée d’une grande caravane qu’on lui retenait dans l’Ougogo. Manoua Séra, pour le moment enfermé dans une borna du Kigoué, paraissait être aux prises avec une situation des plus critiques, les Arabes ayant pour alliés actuels tous les chefs des districts environnants, y compris Kitambi, son ancien confé déré. Cerné de toutes parts, et peu à peu isolé des sources qui pouvaient lui fournir de l’eau, il devait infailliblement succom ber. A toutes les questions qu’il leur adressait sur leurs in tentions à son égard, les Arabes ne répondaient que par des menaces de mort. 3 juillet. — Après mille tracas et mille désappointements, je m’assurai qu’avant la fin des hostilités et le retour des cara vanes retenues dans l’Ougogo, il me serait impossible de me procurer les pagazis dont j’avais besoin. J’acceptai donc les ser vices de deux guides que me procurèrent Abdalla et Foundi San- goro. L’un, nommé Boui, était un fort petit homme affichant de très-grandes prétentions; l’autre, appeléNasib (Fortune) et voya geur expérimenté* devait, selon toute apparence, m’être plus