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L’OUZINZA. 125 sion, proposait de nous garder jusqu’à des temps meilleurs, combinaison à laquelle Baraka se rangeait moins qu’à tout autre, lî avait assez des procédés de l’honorable chef. Je propo sai alors à mes hommes de revenir jusqu’à Mihambo, dans le district de Bogoué. Là, j’entreposerais mes marchandises, et le « Pourceau, » à qui j’offrais pour cela une charge entière de mzizirna 1 , conduirait Baraka, convenablement déguisé, jusque chez le grand chef de l’Ousoui, auquel il demanderait de ma part quatre-vingts hommes. De mon côté, cependant, je retournerais dans l’Ounyanyembé pour voir ce que je pourrais trouver de recrues parmi "les gens attachés naguère à l’établissement de feu Mousa. Grant viendrait alors nous rejoindre et nous voya gerions en un seul corps. Baraka commença par se récrier, mais en parlant à son amour-propre, — et surtout à sa jalousie contre Bombay,—je l’amenai à promettre qu’il irait chez Souwa- rora si le « Pourceau » voulait l’y conduire. Ce dernier trouvait l’entreprise fort délicate et, désirant consulter « la corne magi que, » remit sa réponse au lendemain. 19 juin, retour à Mihambo. — Le jour suivant, quand nous arrivâmes à Mihambo, les porteurs en masse vinrent me rendre leur paye : « Rien, disaient-ils, ne les déterminerait à faire un pas de plus. » Fort désappointé, mais sans en faire semblant, je réglai ce qui leur était dû, et après les avoir renvoyés, je mandai le <r Pourceau » avec qui je voulais conférer, encore bien qu’il n’y eût rien à espérer de lui en face d’une résolution si unanime. L’Ousoui, au dire de mes compagnons, était en flammes, et je n’avais pas le droit de les y aventurer. Le « Pourceau » me déclara que toutes les verroteries du monde ne le décideraient pas à marcher. « S’il leur sacrifiait sa vie, à quoi lui serviraient- elles? » Baraka, auquel je m’adressai ensuite, plaça par mes or dres, au centre de la borna, qui était très-forte, la totalité de ma cargaison, à l’exception de la rassade nécessaire pour défrayer mes gens de leur nourriture quotidienne. Je le chargeai ensuite de me choisir quelques hommes pour m’escorter jusques à Ka- zeh, où j’allais, lui dis-je, recruter les porteurs dont j’avais be soin. « A défaut de pagazis, j’y trouverais sans doute un émis- 1. Le mzisima est la perle-anneau d’Allemagne, un large grain de verre plat que l’on nomme aussi mlounda, balghami ou djélabi; la charge représente (>3 livres de 450 grammes chacune.