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124 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. et de lâcher en l’air un certain nombre de coups de fusil. Les Vouatouta se sauvèrent effarouchés, tandis que nos braves ren traient à toutes jambes, exaltant comme d’ordinaire les proues ses qu’ils venaient d’accomplir. Après avoir ordonné le départ du lendemain, j’étais dans la campagne, occupé à mes observations astronomiques, lorsque Baraka et Wadimayo (Ruisseau-du-Cœur), un autre de mes vo lontaires, vinrent de mon côté dans un grand émoi, chucho tant à l’oreille l’un de l’autre. Us avaient, me dirent-ils, d’ef frayantes nouvelles à me communiquer, — si effrayantes qu’ils ne pouvaient se résoudre à me les faire connaître. Je brusquai le préambule, et voici en somme ce qu’ils m’apprirent: —Un voya geur arrivé de l’Ousoui quelques minutes auparavant, racontait que Souwarora, soudainement brouillé avec les Arabes, avait arrêté une de leurs caravanes. Les hommes qui la composaient, répartis tout exprès dans diverses bornas, devaient être exécutés sans plus de cérémonie si les Vouatouta se permettaient de fran chir la frontière. — Je fis honte à Baraka de sa crédulité, de ses terreurs chimériques ; « Bombay, lui disais-je, ne s’effrayerait pas si facilement, » et, pour lui donner du courage, je lui rappelai, faisant allusion à l’expédition de Petherick, que nous allions au-devant d’un convoi d’hommes blancs, partis du nord pour venir nous retrouver. Il paraissait m’écouter et me comprendre, mais au moment où les deux hommes s’éloignèrent, j’entendis Wadimayo lui demander à voix bcfese : « Eh bien ! a-t-il peur? Se décide-il à reculer? » Ceci m’effraya plus que tout le reste, en me donnant à penser, contrairement à ma première hypo thèse, que ces récits en l’air provenaient d’eux, non de Makaka. Nous eûmes toute la nuit des patrouilles qui circulaient dans . le village, tambour battant et avec des cris féroces, pour éloigner les Vouatouta. Le lendemain, au moment de lever les tentes, pas un des porteurs ne se montra. * Ils n’étaient pas assez sots, di saient-ils, pour passer outre sur des chemins infestés par les Vouatouta. » Persuadé qu’ils ne devaient pas être cachés’fort loin, je sommai le « Pourceau» de convoquer «ses enfants. » Ce qu’il fit aussitôt, d’assez mauvaise grâce. Mais toute mon éloquence échoua contre leur résolution bien arrêtée de ne pas marcher en avant. Du reste ils n’entendaient pas me voler et renonçaient d’eux-mêmes à leur salaire. Makaka, survenu pendant la discus-