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L’OUZINZA. 123 tre le tambour, ajoutant gracieuseînent. « qu’il reviendrait peut- être là-dessus, si je lui accordais un autre lot d’étoffes, égal au second diouli, que je lui aurais dû, en bonne conscience. » Je commençais à me demander très-sérieusement s’il ne fallait pas faire fusiller ce hobereau nègre, tant pour punir sa trahi son et sa tyrannie que pour donner un exemple destiné à frap per ses collègues ; mais le « Pourceau » prétendait que les Arabes, soumis dans l’Oubéna aux mêmes exactions, payaient toujours sans marchander, et se montraient dociles à tous les ordres qu’on leur donnait. Selon lui, je devais garder le bouvillon et livrer l’étoffe. Baraka disait de son côté : « Si vous l’ordonnez, nous le tuerons.... Rappelez-vous seulement que Grant vient derrière nous et que si vous commencez la lutte, il vous faudra combat tre tout le long du chemin ; en effet, il n’est pas un chef qui ne se croie désormais tenu de vous résister. » Je les chargeai tous deux de régler l’affaire comme ils l’en tendraient. Ils n’eurent pas plutôt fait la concession demandée, que les tambours battirent dans toutes les directions. Makaka, de fort bonne humeur, vint m’annoncer lui-même qu’il m’était loisible de partir dès que cela me conviendrait; il espérait en revanche que je lui ferais présent d’un fusil et d’une boîte d’al lumettes. C’était, comme on dit, * insulter l’âne jusqu'à la bride. » Les inquiétudes que nous devions à ce drôle avaient fini par donner la fièvre à Baraka et par me procurer à moi-même un grand mal au cœur. Aussi lui répondis-je « que s’il s’avisait de parler encore soit de fusils, soit d’allumettes, nous viderions la querelle par les armes, attendu que je n’étais pas entré dans son pays pour me soumettre aux menaces du premier fanfaron venu. » Il se réduisit alors à me prier de permettre que mes gens fissent une décharge de mousqueterie en face de sa borna, et cela pour montrer aux Youatouta — qui résident, paraît-il, derrière une petite chaîne de collines granitiques situées à l’extrémité occidentale de son district, — quelle force imposante il pourrait mettre en ligne au besoin. La permission fut accor dée, mais sa bravade tourna contre lui de la façon du monde la plus ridicule. Dès le même soir, en effet, les Youatouta vin rent attaquer ses villages et tuèrent trois de ses sujets. Les choses seraient peut-être allées plus loin, si mes hommes, à l’ap proche de ces maraudeurs, n’avaient imaginé de sortir du camp