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L’OUN YAMOUÉZI. 115 qu’on leur confie. Aussi, sans leur permettre de se faire justice, je me dirigeai immédiatement chez M’yonga, le chef du district, une espèce de bandit connu par l’infamie de ses exactions. 7 juin, chez M'yonga. — Le tambour battait déjà dans toutes les directions, et le kirangozi ne voulait plus faire un pas sans la permission du chef. Elle nous fut accordée promptement, vu le désir que M’yonga éprouvait de contempler un de ces Voua- zoungou *, dont il avait entendu parler comme supérieurs en puissance au sultan de Zanzibar lui-même. On m’offrit de sa part une borna nouvellement construite dans le voisinage de son pa lais, ce que je refusai aussitôt, afin de rester le moins possible exposé aux sollicitations rapaces de ce tyranneau. J’avais hâte que le hongo fût réglé pour passer outre sans aucun retard. Baraka, chargé d’expliquer au chef la situation qui nous était faite, à Grant et à moi, partit en pompeux appareil, brûlant à droite et à gauche plus de cartouches qu’il n’aurait fallu. Quand il revint, les tambours du palais avaient déjà battu pour annoncer le règlement définitif du droit de passage fixé à un barsati, un lugoï 1 2 et six mètres de merkani. Mon envoyé triomphait du succès de sa diplomatie. M’yonga ne désirait pas me voir, attendu qu’il ignorait le langage de la côte; mais il se déclarait très- satisfait de mon présent, ajoutant « qu’il était calomnié par les trafiquants arabes, lesquels ne venaient jamais chez lui. L’arrivée prochaine de Grant lui faisait grand plaisir, et il promettait de le laisser passer gratuitement, le hongo actuel ayant été stipulé pour mon compagnon comme pour moi. Bien qu’il ne voulût pas me recevoir personnellement, il me demandait d’accepter son hospitalité pour une nuit, sous peine de lui faire affront par mon refus, et il me renverrait mes vaches (que je ne lui réclamais pas), ne voulant pas que j’eusse à me plaindre d’avoir traversé le pays dont il était maître. » Malgré ces belles paroles, je pressentais, en cas de séjour, des exigences nouvelles : aussi donnai-je ordre de lever le camp, et voyant qu’on hésitait à m’obéir, — sous prétexte que les vaches 1. Pluriel de mzoungou (homme blanc). 2. Le Barsati des Banians (le kora de Bombay) est une pièce de calicot blanc bordé d’une raie garance ou d’autre couleur, imprimée dans l’Inde ou à Zanzibar. Quant au lugoï, on ne nous donne aucun renseignement positif. Peut-être est-ce le kilcoï, grosse indienne blanche à larges bordures formées de raies jaunes, rouges et indigo qui se fabrique à Surate.