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106 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. (de Roubouga) commis par l’un d’eux avec toutes les circonstances de la plus abominable trahison. Aussi les accueillis-je fort mal, le lendemain, lorsqu’ils vinrent me demander à signer le traité, leur reprochant ce meurtre dont un de mes protégés venait d’être victime. Il n’en fallut pas moins accepter leurs vaines excuses et leur prêter quelques-uns de mes gens qui, moyennant salaire convenu, se chargeaient d’aller négocier l’armistice à conclure avec Manoua Séra. Cette députation, placée sous les ordres de Baraka, revint dans la journée du 6, ramenant en triomphe deux ministres de Manoua Séra,— dont un borgne que j’appellerai le Cyclope,—et deux autres appartenant à un chef nommé Kitambi (le Petit Drap-Bleu), lequel est maintenant l’hôte et l’allié de Manoua Séra. Ces deux potentats ont reçu mes gens avec beau coup d’égards, reconnaissant àl’envi l’un de l’autre que Manoua Séra, sans mon entremise, ne pourrait jamais remonter sur le trône. C’est en vertu de cette considération, qu’après quelques doutes motivés par le meurtre de Maoula, le jeune chef a risqué ses ambassadeurs et accepte la garantie du Bana Mzoungou (c’est- à-dire du Seigneur blanc). Il exige au reste que la paix se négo cie dans l’Ounyanyembé, * car il serait, dit-il, au-dessous de sa dignité de traiter ailleurs que dans le domaine de ses ancêtres. » Il veut, de plus, que les premières transactions aient lieu dans le tembé de Mousa. Le lendemain, 7, devant l'assemblée des Arabes, en présence de tous mes gens, les deux envoyés écoutent solennellement les propositions que Baraka est chargé de leur faire en mon nom. Dès qu’il a fini, les Arabes y donnent leur adhésion la plus com plète. Le Cyclope, alors, avec une éloquence digne de notre pre mier ministre, résume rapidement les incidents de la guerre. — Son chef, dit-il, n’avait de rancune que contre Snay. Ce dernier ayant été tué, Manoua Séra ne demande qu’à faire la paix.—Les Arabes répondent en termes convenables, attribuant leur res sentiment à une injure obscène que Manoua Séra se serait permise à leur égard, outrageante allusion à certain rite du culte musul man. Ceci, comme le reste, sera mis en oubli, puisque Manoua Séra manifeste un sincère désir de réconciliation. — On aborde ensuite la question délicate du territoire à lui rendre. Je m’at tendais à lui voir réclamer l’Ounyanyembé tout entier. Le Cy clope prétend, au contraire, qu’on pourra le contenter à moins,