L’OUNYAMOUÉZI. 105 soui. Je supposai que ces désastreuses mesures avaient été prises à l’insu de Mousa, et je résolus de retourner sur-le-champ à Kazeh pour m’en expliquer directement, soit avec lui, soit avec ses collègues. Je me décidai aussi, dans ce terrible embarras, à renvoyer les quatre Hottentots qui me restaient : ces malheureux, tourmen tés par la jaunisse et la lièvre, n’avaient pu s’acclimater; à l’ex ception d’un seul, trop noir pour changer de couleur, ils avaient le teint d’une guinée. J’éprouvais une véritable douleur à me séparer d’eux après les avoir amenés si loin ; mais il était temps ou jamais de prendre à cet égard une détermination définitive ; plus tard, leur retour serait devenu impossible, et cette con sidération devait l’emporter sur toutes les autres. 1 er et 2 mai, retour à Kazeh. — Mousa m’apprit, à mon arrivée, que Baraka venait de partir sans emmener un seul homme, tous les esclaves ayant pris peur à la nouvelle de l’alliance conclue par les Arabes. Souwarora vient de faire construire sur sa fron tière une série de borna ou maisons fortes, et proclame haute ment son intention de mettre à mort tout homme venu des côtes qui se permettrait de pénétrer dans l’Ousoui. Ces communi cations me jettent dans le plus profond abattement : je ne pour rai désormais emmener avec moi, ceci me semble évident, que des hommes capables de porter un fardeau. Du 3 au 13 mai. —Baraka est revenu sur ses pas dès qu’il a eu vent de mon retour ici. Son témoignage confirme celui de Mousa. Les Arabes muliplient leurs démarches auprès de moi et ne voient de salut que dans mon intervention. — Manoua Séra coupe la route à leurs caravanes dont les porteurs diminuent peu à peu, soit qu’ils désertent, soit qu’ils meurent de faim. Ce redou table ennemi parcourt le district, pourchassant et tuant à coups de fusil les malheureux villageois. Il ne dépend que de moi de faire cesser un état de choses si contraire à leurs intérêts, et alors ils me donneront pour m’escorter autant d’hommes armés que je voudrai. — Après leur avoir remontré l’absurdité de leur conduite, je me laisse peu à peu fléchir au point de rédiger les articles d’un traité de paix qu’ils s’engagent à exécuter, une fois signé, sous peine de voir confisquer ce qu’ils ont de domaines le long de la côte. Mais à peine étaient-ils partis avec cette assu rance, que Mousa vient me raconter l’assassinat du vieux Maoula