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99 L.’OL! N Y AM O U|É ZI. qui, jetant là leurs fardeaux, détalent à toutes jambes. Tout s’apaise, cependant, et nous arrivons à Usenda, petit établisse ment fondé par un négociant métis qu’on appelle Sangoro. Il a laissé ici un sérail au grand complet, et lui-même est parti pour le nord, où il compte ouvrir des relations commerciales avec le Karagoué. Le bruit court néanmoins que Souwarora, le chef de l’Ousoui, l’a retenu au passage pour s’assurer le secours des fusiliers qui composent son escorte et empêcher, grâce à la ter reur qu’ils inspirent, les déprédations des Vouatouta. Ces der niers sont de terribles maraudeurs qui vivent exclusivement du bétail volé aux autres peuplades. 24 mars, Myninga. — Les bois et les cultures se succèdent alternativement. Nous traversons des plaines fertiles où croît en abondance le palmier dit pain d'épices. Le grand homme de l’en droit est un ancien trafiquant ruiné, Sirboko, qui nous offre une hospitalité assez confortable. S’il faut l’en croire, les Vouatouta ont récemment dévasté Rungoua, et je ferai bien de m’arrêter dans ce district où je trouverai plus facilement des porteurs. Je consulte les intendants de Mousa, qui confirment les dires de Sirboko, et finalement je me décide à faire halte, ce qui cause une explosion de joie dans les rangs de ma petite troupe. Là- dessus je me ravise, me croyant dupe de quelque complot; mais il est trop tard, personne ne veut plus mettre un pied de vant l’autre, et, comme c’est un peu malgré moi que j’entraîne à ma suite tant de pauvres malades, je me résigne sans trop de peine à profiter, pendant quelques jours encore, de l’ample hospitalité que Sirboko pratique à notre égard. Son histoire est à peu près celle-ci : — Trafiquant en ivoire pour le compte de quelques Arabes de Zanzibar, il a visité l’Ou ganda pendant que le feu roi Sounna vivait encore ; il a même commercé dans l’Ousaga ; mais comme il revenait de ces pays du nord, un incendie qui éclata dans un village où il s’était arrêté, consuma d’un seul coup toutes ses marchandises et le réduisit à la misère la plus complète. En revanche, il eut le bonheur de ve nir en aide au chef du district, attaqué dans sa borna par les Vouatouta, et qui allait se rendre ignominieusement, lorsque Sir boko, lui redonnant courage, le mit en état de repousser l’en nemi. Une grande concession de terres fut la récompense de cet exploit, et Sirboko, qui avait à craindre en retournant à la côte