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96 VOYAGE AUX SOURCES DU NIL. laisser partir. Décidé à lutter contre ce fâcheux concours de cir constances, je résolus de partir pour Rungoua, suivi de tout le ba gage dont je pourrais me charger. Bombay, laissé auprès de Mousa, devait m’amener le reste dès aue j’aurais pu lui envoyer des porteurs. Je remis alors à mon hôte la dernière des montres d’or que le gouvernement de l’Inde avait mises à ma disposi tion; le sheik Saïd reçut l’ordre de rapporter à la côte, aussitôt que la route serait praticable, nos correspondances et la totalité de nôs échantillons; puis je marchai vers le nord avec Grant et Ba raka, suivi de tous ceux de mes hommes qui étaient en état de porter un fardeau, et de quelques intendants de Mousa, sur les quels je comptais pour me procurer des pagazis. Du 17 au 21 mars, Masangé, Iviri, frontière de l'Ousagari, Nullah de Cross Gornbê. — A Iviri, sur la frontière nord de l’Ounya- nyembé, nous rencontrons plusieurs agents recruteurs envoyés par Mkisiwa, pour lever des soldats destinés à coopérer aux opérations militaires des Arabes de Kazeh, contre le terrible Manoua Séra.Leur procédé consiste à se porter çà et là, sonnant des cloches et proclamant à voix haute que « si, dans un temps donné, une certaine quotité de la population ne s’est pas rangée sous le drapeau, le chef du village sera fait prisonnier et les plantations seront confisquées au profit du prince. » Mutinerie de mes gens qui veulent se voir allouer un plus fort équivalent de rations quotidiennes. Il a été convenu que je donnerais à cha cun un collier de perles pour sa nourriture de la journée. C’est justement le triple de ce que les Arabes leur accordent; et en core faut-il remarquer que la rassade des trafiquants est infé rieure à la mienne. Je résiste donc et, prenant mes gens par la famine, je les réduis à marcher en avant. 22 mars, palais d'Ungougou. — Nous sommes» dans le district d’Ousagari chez Singinya, chef de l’Ounyambéwa. Ce prince est en campagne, mais sa femme, qui n’est pas pour moi une nou velle connaissance, me reçoit avec une affabilité, une courtoisie parfaites. 23 mars, Usenda.—Nous passons dans le district d’Oukoumbi. Les habitants d’un village, nous prenant pour d’anciens ennemis à eux, viennent tumultueusement à notre rencontre, la lance haute et l’arc bandé : leurs grotesques attitudes, leurs contor sions frénétiques effarouchent quelques-uns de nos porteurs